Dans une conjoncture politique caractérisée par l'instauration d'une chape de plomb sur l'exercice politique, une nouvelle formation vient de voir le jour. Le PLJ, Parti de la liberté et de la justice, c'est son nom, est dirigé par Mohamed Saïd, ancien secrétaire général et porte-parole du parti non agréé Wafa de Taleb Ahmed Ibrahimi. Le président du tout nouveau parti a tenu, hier, à Alger, une conférence de presse pour annoncer la naissance de cette formation politique et préparer le terrain au soutien d'un candidat pour la prochaine présidentielle, dont le nom sera connu au début de la semaine prochaine. Tout en ayant le soutien de Taleb Ahmed, Mohamed Saïd se défend d'avoir créé une copie conforme de Wafa. « La composante humaine du PLJ est différente dans une proportion de 80% de la composante de Wafa. Il s'agit d'un nouveau personnel et programme politiques », affirme-t-il en soulignant que la moyenne d'âge des militants du PLJ oscille entre 30 et 40 ans représentant 37 wilayas. « Si l'on cherche le changement, il faut donner l'occasion aux jeunes d'émerger », dit-il en notant que le PLJ a initié un débat pour savoir de quelle manière le parti sera partie prenante de l'élection présidentielle. Pour l'heure, une chose est sûre, le PLJ dont la création, affirme son président, n'a rien à voir avec la présidentielle apportera toutefois son soutien à la candidature d'une personnalité pour la prochaine consultation électorale. « D'ores et déjà, je peux vous dire que nous sommes partie prenante de la présidentielle, nous serons présents sur le terrain. Comment ? D'ici la semaine prochaine vous le saurez », indique l'homme politique en se disant confiant pour que le facteur temps agisse en vue de changer les donnes actuelles. Tout en excluant que Liamine Zeroual soit le candidat que le PLJ va soutenir, Mohamed Saïd souligne que l'ex-président de la République est loin de s'inscrire dans l'option du changement. Le président du PLJ indique, en outre, que des personnalités politiques dans l'opposition ont été consultées au sujet de la création du PLJ et qu'elles se prononceront le moment qu'elles jugeront opportun. Mohamed Saïd, qui dresse un constat amer au vu du bilan des dix dernières années, relève que malgré « une unanimité de façade rarement vue même à l'ère du parti unique », la situation politique change du matin au soir. « Les choses ont changé entre 1999 et 2009 et la question que tout un chacun se doit de se poser est pourquoi ne pas tenter une nouvelle direction politique », souligne Mohamed Saïd. Le PLJ, dont la conception a été décidée le 18 décembre dernier à Alger, estime que « des choses ont été réalisées notamment le retour de la paix et la sécurité de manière générale, mais elles restent en deçà des attentes, et limitées par la persistance de l'état d'urgence, l'unanimité de façade rarement vue, même à l'ère du parti unique, car elle s'oppose totalement à l'essence même de la démocratie, notamment dans ses aspects portant sur l'alternance pacifique au pouvoir et la compétition à mener autour de programmes et d'idées ». Ceci, et de relever l'indifférence des citoyens pour la chose politique et l'exacerbation d'une crise de confiance entre le pouvoir et la société. « L'Etat est perçu dans certains milieux comme une machine de répression… La vie partisane est dénaturée par la fraude électorale et les campagnes cycliques ; la méthode des quotas a, en outre, privé les instances élues de toute représentativité », souligne le responsable politique. Refusant d'être « complice d'une situation d'inertie », le PLJ s'offre comme « un espace pour les forces vives qui ne se reconnaissent pas dans le paysage politique actuel » et se fixe une dizaine d'objectifs, dont celui de consolider la réconciliation nationale « dont les objectifs n'ont pas été atteints à 100% ». De plus, la promotion des libertés individuelles et collectives et l'implication de la jeunesse, de la femme et de l'élite intellectuelle dans le processus de changement. Entre autres objectifs, figure le renforcement des capacités de l'institution militaire et la préservation de son unité « pour mieux se consacrer à ses missions constitutionnelles permanentes ». Concernant le sort que pourrait réserver l'administration au PLJ, son président souligne que, selon la loi, le ministère de l'Intérieur aura 60 jours pour se prononcer sur les dossiers des membres fondateurs ; quant à l'agrément, il ne sera posé qu'une fois le congrès constitutif du parti tenu, c'est-à-dire dans une année. Qui est Mohamed Saïd ? Né en 1947 dans la wilaya de Tizi Ouzou, Mohamed Saïd est licencié en droit public international et diplômé en sciences politiques. Il occupera différents postes de responsabilités, dont celui de ministre conseiller près de l'ambassade à Djeddah, d'ambassadeur à Bahrein et de ministre plénipotentiaire au ministère des Affaires étrangères.