Une année après sa création, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) n'a toujours pas obtenu son agrément. Mohamed Saïd, secrétaire général de cette formation, est revenu, hier lors d'un point de presse animé au siège du parti, sur la question de l'agrément, comme il a abordé dans le détail les tergiversations du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, et ce, afin de situer les responsabilités des uns et des autres, dans la reconnaissance d'un droit garanti par la Constitution. Dans son analyse de la situation politique, Mohamed Saïd n'a pas été tendre avec les dirigeants de ce pays. Il a rappelé, dans ce sens, le verrouillage du champ politique et la domestication des partis de l'opposition. Il a, en outre, déploré le fait que depuis 1999, aucun parti politique n'a pu décrocher un agrément. « La culture de l'Etat et de l'opposition est quasiment inexistante dans notre pays. Les espaces d'expression sont complètement réduits. Il y a des forces sociales qui s'expriment en dehors du cadre légal, car tous les espaces d'expression sont verrouillés », a estimé le SG du PLJ. Revenant sur l'agrément de son parti, le conférencier citera au préalable les trois déclarations contradictoires faites par Yazid Zerhouni. Le ministre a, en effet, laissé s'entrouvrir, au mois de mai 2009, la porte à l'agrément de nouveaux partis politiques en insistant sur le fait que son département traite le sujet dans le cadre du respect des lois en vigueur. Le PLJ a d'ailleurs salué cette décision, mais en octobre de la même année, le même parti a été déçu par la volte-face du ministre qui avait soutenu que l'agrément de nouveaux partis politiques ne fait pas partie des priorités de son ministère. Cependant en décembre 2009, M. Zerhouni a tenu un autre discours en prétendant, explique Mohamed Saïd, que « les dossiers présentés sont incomplets et que les personnes concernées le savent ». Sur ce dernier point, Mohamed Saïd avait réagi immédiatement, en précisant, à l'égard du ministre, que le PLJ ne se considère nullement concerné par de tels propos, car son dossier est bien ficelé, et ce, de l'aveu même des services du ministère de l'Intérieur et que sa direction n'a jamais été destinataire à ce sujet d'une quelconque décision négative ou positive. Face au mépris du ministre de l'Intérieur, les responsable du PLJ ont décidé de porter plus haut leur affaire en saisissant les institutions législatives et exécutives, ainsi que les formations politiques agréées en tenant compte de leur position par rapport au pouvoir. Le PLJ a effectivement adressé une lettre explicative au Premier ministre afin qu'il exerce ses attributions pour le rétablissement du droit transgressé et effectué la même démarche en direction des deux chambres et groupes parlementaires leur suggérant d'interpeller le gouvernement sur les raisons du gel de l'octroi d'agrément aux nouveaux partis politiques. Le PLJ ne s'est pas arrêté à cette démarche, puisqu'il a saisi les partis de l'alliance présidentielle, les formations représentées uniquement au Parlement et les partis de l'opposition, en sus de l'envoi d'une missive au président de la CNCPPDH et à celui de la LADDH. Cette campagne a été couronnée par la saisine du Conseil constitutionnel chargé par l'article 163 de la loi fondamentale de veiller au respect de la Constitution. Malheureusement, regrette Mohamed Saïd, « à l'exception du MSP aucune institution ni parti n'ont répondu aux lettres du PLJ ». L'orateur s'est donc interrogé sur le silence de tout ce beau monde et sur notamment la faiblesse des institutions importantes de l'Etat qui ne peuvent assumer toutes leurs prérogatives constitutionnelles. A l'évidence, note Mohamed Saïd, « cette situation n'est pas naturelle. Elle met en danger la stabilité des fondements de l'Etat et réduit les chances de tout épanouissement démocratique ». Seulement, les responsables du PLJ n'envisagent pas de baisser les bras. « Nous allons relancer toutes les institutions et toutes les parties saisies sur notre dossier. Nous allons les mettre devant leurs responsabilités, et s'il n'y a pas d'écho, nous nous retournerons vers le premier magistrat du pays, et si ce dernier ne règle pas notre problème nous agirons en fonction de la conjoncture », a affirmé Mohamed Saïd, qui n'envisage pas de saisir la justice car, a-t-il dit, la question de l'agrément est une affaire politique. Interrogé sur les grèves cycliques qui secouent des secteurs sensibles, ainsi que sur les affaires de corruption qui gangrènent notre société, Mohamed Saïd a souligné que « c'est l'absence de dialogue qui mène à des grèves à répétition. Quant aux affaires de corruption, on ne doit pas s'arrêter au stade de l'enquête, mais la justice doit faire son travail en toute indépendance ».