Outrés, scandalisés par l'instruction du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, datant du 27 juin 2010, les syndicats du secteur de l'éducation nationale menacent de perturber la rentrée sociale prochaine, si le Premier ministre ne fait pas marche arrière. Répondant à une demande du ministère des Finances sur l'échéancier de paiement des rappels dus aux personnels de l'éducation nationale ainsi que du nouveau régime indemnitaire des corps communs et rappels y attenants, Ahmed Ouyahia a opté pour une instruction décriée. Il est proposé pour les personnels de l'éducation nationale que la dernière tranche des rappels soit servie avec le salaire du mois de mai 2011 (et non pas du mois de mars 2011). Pour ce qui est des fonctionnaires des corps communs et s'agissant du nouveau régime indemnitaire, il sera effectif à partir du mois d'août 2010, la loi de finances complémentaire devant être très probablement promulguée au début du même mois. Concernant les rappels couvrant les mois de janvier 2008 à juillet 2010, sur le même régime indemnitaire, un échéancier a été décidé sur la base de 25% en septembre 2010, à 25% en janvier 2011, 25% en août 2011 et 25% en janvier 2012. Un tel étalement, selon la directive du Premier ministre Ahmed Ouyahia, permettra « d'alléger l'extrême charge qui pèse sur le Trésor public, et de contenir quelque peu l'important déficit budgétaire pour les années 2010 et 2011 du fait du règlement de la question du régime indemnitaire de plus d'un million de fonctionnaires ». Le chef de l'exécutif invite le ministre des Finances à envisager un étalement similaire pour les rappels sur les régimes indemnitaire des autres personnels en attente de leurs textes et qui représentent au total plus d'un demi-million de fonctionnaires. Les syndicats du secteur de l'éducation qualifient cette directive de « provocation » et de « mépris ». « Le ministre de l'Education nous a certifié que les rappels seront versés au plus tard au mois de septembre 2010 alors qu'auparavant, le chef de l'exécutif avait arrêté un échéancier qui ne dépasse pas décembre 2010. Les pouvoirs publics n'ont aucun respect à l'égard de leurs fonctionnaires », a soutenu M. Meriane, porte-parole du Snapest. Les syndicats de l'Unpef et du Cnapest jugent cette directive comme une atteinte à la crédibilité de l'Etat. Pour M. Meriane, cette instruction, si elle venait à être appliquée, ce serait une trahison pour les fonctionnaires : « Certes, cet argent n'est pas perdu, nous l'avons arraché grâce à notre lutte. Mais aucun argument ne peut justifier ce décalage qui pénalise les fonctionnaires ayant pris des engagements et planifié des petits projets », fera remarquer M. Meriane. Le Snapest décide de saisir par écrit le Premier ministre afin de lui faire part de la réaction de la corporation et de lui expliquer que les engagements pris par ses soins doivent être respectés. « Il est nécessaire pour tout le monde que le Premier ministre sursoie à sa nouvelle instruction. Nous ne sommes pas des marionnettes. Dans le cas contraire, une action d'envergure est envisagée par les syndicats », a lâché un syndicaliste.