Pour le réalisateur et producteur algérien Mounes Khammar, le cinéma est une norme dans toutes les spécialités. Dans le cadre de ses activités culturelles et annuelles, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) a organisé, dernièrement, en partenariat avec le Centre algérien de la cinématographie, une rencontre avec le réalisateur et producteur algérien, Mounes Khammar, sur les perspectives de la production cinématographique en Algérie. Dédiée aux jeunes réalisateurs et aux étudiants des écoles de l'Ismas, l'Insfp et autres, cette rencontre, intéressante à plus d'un titre, a permis aux intéressés d'élargir et d'approfondir leurs connaissances dans l'univers cinématographique. La rencontre a été étrennée par la projection du dernier court métrage de Mounes Khammar Le dernier passager, réalisé en 2010 et par le vidéo-clip Ayyam, de la défunte chanteuse algérienne Warda Al Djazaïria. Le réalisateur et producteur a tenu à parler des débouchés du métier, de son expérience personnelle, de la meilleure manière d'approcher le travail et d'éviter les erreurs inhérentes rencontrées en cours de parcours. D'emblée, il a mis l'accent sur la différence entre un court métrage et un long métrage et sur la production cinématographique et télévisuelle. Selon lui, la télévision doit se soumettre à l'impératif de la diffusion, contrairement au cinéma où l'impératif réside dans la qualité. Se voulant plus explicite en direction des jeunes cinéastes, Mounes Khammar leur conseille de travailler avec des moyens du bord tout en ne manquant pas d'accorder une place de choix à l'image et au son. «Nous avons pris le réflexe en Algérie de voir un film sur un smartphone en streaming alors qu'en Occident, ils ont les meilleurs streaming et la meilleure connexion. Mais ils préfèrent regarder un film donné dans une salle de projection alors qu'ils peuvent le voir les films à la maison», ajoute-t-il. Notre interlocuteur est convaincu que le cinéma est une source de relation humaine. Le réalisateur se doit d'être un séducteur. «C'est quelqu'un qui donne envie à des gens de travailler avec lui et pas pour lui. On n'arrête jamais d'apprendre», dit-il. Posant un regard plutôt optimiste sur le 7e art algérien, Mounes Khammar estime que notre pays a énormément de choses à donner. C'est un pays qui suscite la curiosité de tous les autres pays et dans tous les festivals. «Il y a un énorme potentiel dans l'univers cinématographique. C'est juste que nous n'avons pas encore donné les conditions pour cette culture en général e et pour que le cinéma explose à l'international. Nous avons déjà décroché un oscar et une palme d'or et nous avons un label dans le domaine. Il y a aussi des films algériens qui ont décroché des prix ces dix dernières années», argue-t-il. Pour parvenir au rayonnement de la production cinématographique, le réalisateur Mounes Khammar préconise l'implication de certains secteurs culturels. Il rappelle, toutefois, que le cinéma mondial n'est pas une compétition. Chaque pays a son propre niveau cinématographique et ses propres aspirations. «Il est inutile de faire des films similaires aux productions internationales. Nous sommes tenus de faire notre propre cinéma avec des critères algériens et une identité algérienne. Il est important de changer les discours et libérer les créativités et penser à une industrie économique, sociale et culturelle du cinéma.» Pour rappel, le producteur et réalisateur Mounes Khammar est âgé de 45 ans. Il a fondé Saphina Production en 2003. En 2004, il est producteur associé du long métrage La Trahison, de Philippe Faucon, 2005, coproducteur du doc long métrage La Nuit s'achève, de Cyril Leuthy, 2006, directeur de prod dans le film musical Gusto, de Safinez Bousbia. En 2007, il produit Houria, court métrage de Mohamed Yergui, Grand prix de la première édition du Festival du film arabe à Oran, en 2011 il réalise le court métrage Le Dernier passager, perle noir du meilleur court métrage arabe au Festival international d'Abu Dhabi 2010. Ce film est sorti en salle à Los Angeles en 2011 dans le programme «Oscar Hopful». Il a été proposé aux qualifications des Oscars par le grand distributeur américain «Shorts International».