Repéré au festival de Taghit 2008 pour son flop de court métrage sur le problème de la faim dans le monde, le jeune réalisateur Mounes Khammar s'est complètement refait ! la preuve, c'est qu'au dernier festival international du film d'Abu Dhabi, (du 18 au 23 octobre) il a raflé la Perle Noire, pour son court métrager "Le dernier passage " ; un sept minute qui a déjà eu à être projeté au dernier festival de Cannes dans la section short corner. "Je suis très heureux que mon travail et celui de tous ceux qui ont participé à ce projet soit reconnu à ce niveau" a-t-il avoué à un confrère ajoutant que le " fait d'avoir obtenu le prix du meilleur court-métrage arabe dans ce festival, pour une production cent pour cent nationale, prouve que les Algériens peuvent être présents dans les grands rendez-vous, à condition d'avoir les moyens nécessaires”. Produit par Saphina Prod qu'il dirige lui-même en tant que producteur "Le Dernier passager " s'inspire d'une histoire vraie ; le suicide d'un ami du réalisateur. Evoquant vaguement le phénomène des Harragas, le film s'appuie pour les effets émotifs sur la sublime musique de la diva Fayrouz. Campé par le genre Mohamed Bouchaïeb déjà connu pour ses belles prestations dans le mémorable Nass M'lah City de Jaffar Gacem, " Le Dernier passager " sera ce mois ci à l'affiche du Festival Lumière d'Afrique de Besançon. Dans une interview au quotidien marocain, " Le soir ", le jeune réalisateur et producteur Mounes Khammar estimait qu'il y a un réel frémissement dans le cinéma algérien avec l'arrivée de la jeune génération. "J'ai le sentiment qu'il y a actuellement une réelle volonté de raconter l'histoire contemporaine algérienne. Le 7e art prend un nouveau visage, l'arrivée de jeunes réalisateurs et réalisatrices le confirme, elle est à l'image de notre société, jeune et particulièrement vivante", a-t-il déclaré. Le jeune réalisateur qui a participé au 8e Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger (4-9 octobre) a indiqué que l'expression de cette génération est aussi un acte de transmission qui s'attache à parler de la mémoire. L'auteur de cet opus de sept minutes, dont l'originalité est d'être sans dialogue, a souligné que "le fait d'enlever les mots dans ce film permettait une plus large liberté d'imagination au spectateur" avant d'ajouter "j'ai choisi de dire la dramaturgie de l'histoire d'un personnage en ayant uniquement recours au langage visuel". Mounes Khammar a indiqué qu'il a été profondément marqué et touché par le suicide d'un ami et les mots ne suffisaient pas pour décrire ce qu'il souhaitait évoquer à ce propos. "Je voulais transmettre et non pas raconter ce que j'avais pu ressentir", a-t-il expliqué. Questionné sur la situation des jeunes cinéastes du Maghreb, Mounes Khammar a déclaré qu'on sent une nouvelle tendance qui propose un autre esthétisme et une différence de forme mais "le cinéma du Maghreb, et plus généralement du monde arabe n'a pas encore donné sa place à la jeunesse". "Nous sommes en présence du cinéma d'une tranche d'âge (30 à 35 ans) qui n'a pas eu les moyens de s'exprimer et qui est encore au court-métrage", a-t-il fait remarquer. Un jeune ambitieux Après avoir travaillé dans le domaine de la communication comme infographe et directeur artistique, Mounes khammar se tourne vers le cinéma dès la reprise des premiers tournages dans le pays en occupant plusieurs postes d'assistant de production et de réalisation sur des coproductions internationales de long métrage : Rêve algérien de jean pierre Llyedo, Viva l'aldjerie de Nadir Moknèche, Les suspects de Kamel Dahane, Morituri de Okacha touita ecrit par Yasmina Khadra. En 2003, il s'initie a la réalisation en signant "N'rouhou", un court métrage expérimental. En 2004, sa sélection pour l'Algérie à l'Université d'été de la FEMIS à Paris lui permet de participer à un work shop international regroupant 12 cinéastes de 12 pays différents et de réaliser et de monter en trois jours le documentaire "Derrière nos reflets". La meme année, il lance sa propre société de production SAPHINA qui prendra en charge les repérages en Algérie du film "Le choix" devenu "La trahison", long métrage de Philippe Faucon. Le tournage prévu en Tunisie sera finalement effectué en Algérie par SAPHINA, le film sera ainsi le premier long métrage étranger tourné entièrement en Algérie depuis plus d'une trentaine d'années. En 2005, il coproduit "La nuit s'achève", un long métrage documentaire de Cyril Leuthy puis produit plusieurs courts métrages algériens: "L'Antenne" de Yanis Koussim, "Khlaye3" de Khaled Ben aissa sélectionné au festival Vue d'Afrique a Montréal. En 2007, il est producteur et directeur artistique du film "Houria" réalisé par Mohamed Yargui, il réussit à impliquer plusieurs acteurs algériens de premier rang. Projet de l'événement "Alger capitale de la Culture arabe", "Houria" obtient les prix du meilleur court métrage au festival du film arabe d'Oran, meilleur rôle féminin au Taghit d'Or du court métrage, mention spéciale du jury au Panorama du film d'Alger, mention spéciale au Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier. Les films "Houria" et "Khti" de Yanis koussim (2007) ont été les premières productions 100% nationales tournées en support HD.