Une histoire personnelle faisant l'écho de toute une sociologie historique de l'Algérie en rapport avec la France. La nuit s'achève est le titre d'un long métrage du réalisateur français Cyril Leuthy qui vient de terminer le tournage de son film dans différents endroits de l'Algérie, à savoir à Alger, Tipaza, Béjaïa et Tebessa et ce, entre le 10 février et le 5 mars. La nuit s'achève raconte en 90 minutes, l'histoire d'une relation entre un père et son fils. Le père, Bernard, est né en Algérie dans le village d'El Kouif, à Tébessa, fils du technicien de l'ancienne centrale électrique de la mine. Il a quitté l'Algérie avec ses parents en 1956 à l'âge de 12 ans. Aujourd'hui, son propre fils, Cyril, l'emmène retrouver la terre de son enfance, retrouver ses copains de jeux, un voyage dans le passé, mais aussi dans le présent d'une Algérie que Cyril découvre très différente des clichés que connaissent les jeunes européens. «Ce film est un travail sur la mémoire. Il se veut une rétrospective de la vie d‘un adolescent né dans cette région en 1944 et où il a passé une partie de son enfance», a expliqué le réalisateur. Le film fait ainsi un retour dans le passé et conduit Bernard Leuthy, 50 ans sur les traces de sa région natale, un peu comme un pèlerinage, faisant éveiller chez lui des souvenirs lointains et indubitablement marquants. Le film se déroule comme dans un documentaire. Au fil des repérages des lieux, cette recherche des origines accordée à cette histoire, le souci du réel a pesé de tout son poids, apportant du «crédit à l'aspect historique et à la vie sociale et économique de ce village minier construit en 1890 par l'occupant.» Le film mettra aussi en lumière les retrouvailles de Bernard avec son ancien ami Aïssa dont il n'a plus eu de nouvelles depuis 1956, date de son départ. La nuit s'achève sera l'occasion de faire connaître la vie actuelle d'El Kouif à travers certains endroits et bâtisses de l'époque, comme la salle de cinéma devenue, aujourd'hui, une salle de réunion. Pour information, ce village avait connu dans les années 50 une intense activité culturelle. Lors de ses investigations au niveau du CNC français (Centre national du cinéma) Cyril Leuthy a retrouvé ce film de fiction qui a été tourné à El Kouif en 1950 et promet, après restauration de la copie, de le projeter dans l'ancienne salle du village. Cette projection sera incluse dans son film pour clôturer ce travail de mémoire tel que saisi par le regard d'un adolescent. D'autres histoires viennent se greffer dans cette quête du passé et de l'exploration de la mémoire. Il s'agit d'abord d'un jeune Français d'origine algérienne qui cherche à reprendre contact avec sa famille à Béjaïa et que l'équipe technique, en plus du réalisateur, ont aidé dans son investigation. L'autre histoire est celle d'un jeune Algérien qui sillonnera avec eux plusieurs villes. Une façon de montrer le rapport entre deux jeunes des deux rives. Une collaboration enrichissante d'un côté comme de l'autre a fortiori, sachant que deux Algériens ont pris part à cette aventure cinématographique, on citera Mokrane Mariche en tant qu'assistant-réalisateur et Mounès Khamar en tant que producteur exécutif via sa société de production Saphina qui a assuré par ailleurs la production côté algérien auprès de la société française Les films Palléas.