Malgré l'hiver le plus rigoureux des cinquante dernières années, pas moins de 5 tonnes de primeurs viennent de quitter la région à destination d'Alicante. Il s'agit de 3 tonnes de courgettes et de 2 tonnes d'artichauts. La courgette primeur, qui vient de faire son entrée dans la région, est cultivée sous tunnel nantais avec paillage. Par contre, pour l'artichaut, il s'agit d'un légume de saison dont c'est la pleine campagne. Cultivé dans les plaines intérieures de Relizane, ce légume est mené en irrigué dès la fin de l'été. Cette culture qui fit autrefois la réputation de la région grâce, notamment, au violet de Hassi Bounif, n'aura aucune peine à retrouver les marchés européens sevrés de ce légume jusqu'aux premières chaleurs estivales. Pour cette première expérience, la variété est un hybride ramené de l'étranger par la Sodéa et cultivé par un chirurgien-dentiste de la région de Ouarizane qui vient de récupérer les terres familiales dont la Révolution agraire s'était emparé. Maîtrisant à la perfection le cycle de production, ce fellah d'un genre nouveau n'hésitera pas à contacter un exportateur installé à Benabdelmalek Ramdane pour lui confier ce premier tonnage d'artichauts. Avec cette variété hybride, il escompte des rendements supérieurs à 300 quintaux à l'hectare (q/ha). Des rendements très appréciables comparés aux 100 q/ha de nos variétés locales qui souffrent d'une dégénérescence irréversible. Le conditionnement des primeurs qui s'effectue dans une station équipée en froid permet à ces produits de s'intégrer rapidement sur les marchés européens. La fébrilité qui régnait en ce matin du 30 mars au niveau du village en dit long sur la performance de ces opérateurs qui avaient mobilisé un camion frigorifique pour convoyer leur précieuse cargaison jusqu'à Oran. Une à une, les palettes parfaitement identifiées quitteront l'immense chambre froide sous le regard attentionné des villageois, tout heureux de voir partir ces produits du terroir vers une destination nouvelle. Parmi les curieux, on notait la présence intéressée de plusieurs fellahs venus de la campagne environnante. De futurs partenaires qui n'hésiteront pas à accompagner d'un regard envieux ces palettes qui, dans quelques heures, prendront la mer. Une aubaine pour les primeuristes En effet, grâce à l'ouverture d'une ligne maritime de ferries entre Oran et Alicante, dont c'est le voyage inaugural, cet opérateur mostaganémois aura tout fait pour être au rendez-vous. Conditionnées en caissettes de 5 kg, les courgettes seront débarquées à Alicante d'où elles devraient rejoindre le marché de St Charles, dans les environs de Perpignan, qui est la plaque tournante des produits agricoles en provenance du Maroc, d'Espagne, du Sud de la France et désormais d'Algérie. Alors qu'un précédent envoi avait été effectué à partir de Ghazaouet, ce premier chargement au port d'Oran profite de cette première traversée que la compagnie Transmediterranea organise vers le port d'Alicante en seulement 8 h. Une véritable aubaine pour les primeuristes qui commencent à exporter les premiers légumes vers l'Europe. La procédure qui aura pris près de 10 heures entre le chargement des palettes sur des camions frigorifiques au niveau de la station de conditionnement et leur transbordement à bord du ferry, pourrait être allégée.