Après plus de 40 ans d'absence, la courgette de primeur revient sur le marché européen. La première phase du projet a permis le recrutement de 110 chômeurs et la mise en valeur intensive de 24 ha. C'est dans une parfaite discrétion q'un groupe d'opérateurs est en train d'organiser le retour de quelques primeurs d'Algérie sur les marchés extérieurs. L'opération qui est en voie de finalisation est le fruit de plusieurs mois de préparation. Grâce à l'apport en moyens techniques et financiers d'un opérateur français très intéressé par une diversification de ses pays fournisseurs et soucieux de faire partager son expérience avec la paysannerie algérienne, une première opération portant sur la culture de la courgette de primeur est en train de prendre forme. Deux exploitations, l'une dans la région côtière de Benabdelmalek Ramdane et la seconde non loin de Aïn Tadelès, viennent de recevoir leurs premiers plants de courgette. Cultivé sous tunnels de type nantais, les petites pousses bénéficient également d'un paillage. Il consiste en la pose d'un film plastique à même le sol dans lequel sont creusés des trous disposés à égale distance afin de recevoir les plants. Cette technique très usitée en Espagne, dont le climat est plus froid, permet un double gain de chaleur. Ce qui se traduit par la mise à disposition du végétal d'un climat très favorable à son évolution. Si, durant les premières semaines, les jeunes plants ne reçoivent aucun apport en engrais - se limitant à utiliser les réserves du sol - il n'en sera plus de même durant les autres périodes du cycle où des apports en engrais complets seront effectués régulièrement et ce par l'intermédiaire de l'eau d'irrigation qui arrive à la plante grâce à un ingénieux système de goutte-à-goutte mis en place avant l'installation du tunnel. L'expérience qui est en cours d'exécution devrait permettre la mise sur les étals de Hollande, d'Italie et de France d'une courgette de primeur dès la seconde quinzaine de janvier. Répondant à un cahier des charges très strict, le produit devrait trouver preneur d'autant que l'associé français est parfaitement introduit dans le marché européen. Ce qui devrait garantir un écoulement régulier et sans difficulté de ce légume. Cette première pour la région de Mostaganem a déjà permis l'embauche de pas moins de 110 jeunes ruraux. Durant la phase de production, ces effectifs seront étoffés pour assurer la récolte et le conditionnement du légume. Une opération qui nécessite le montage d'une unité spécialisée qui fera appel à une main-d'œuvre féminine plus appliquée. Par ailleurs, pour ses besoins en matière première, le projet a permis de relancer l'ENPC de Sétif qui a reçu commande pour près de 3 millions de dinars. Les caissettes de conditionnement seront livrées par un opérateur privé de Médéa qui voit son activité revigorée. Cette première opération devrait rapidement être suivie par la culture de haricots verts et de melons sur une vingtaine d'hectares. Toutefois, le recours à des terres appartenant à des particuliers ou à des EAI pourrait poser quelques problèmes de timing à l'avenir. Car cette première expérience devrait nécessairement se traduire par l'augmentation des surfaces cultivées que les opérateurs doivent sélectionner scrupuleusement en fonction du cahier des charges. Ce qui constitue une contrainte majeure car ne possédant aucune parcelle en bien propre, les responsables du projet doivent gérer des impondérables qui pourraient entraver la poursuite d'une opération hautement stratégique pour l'économie nationale. L'exemple de la région du Souss dans le Sud marocain, - qui exporte annuellement vers l'Europe pas moins de 500 000 tonnes de fruits et légumes - est à méditer par nos dirigeants pour que les contraintes objectives soient définitivement levées afin que les opérateurs gagnent en efficacité. L'accès aux marchés extérieurs bénéficie de toutes les facilités chez nos voisins, ce qui leur permet d'être fortement concurrentiels durant au moins huit mois de l'année. L'expérience balbutiante, qui commence à prendre forme sur ces terres généreuses du plateau et du littoral, mérite une attention particulière de la part des responsables. Afin que le discours en vogue conviant à la diversification des exportations hors hydrocarbures trouve son prolongement par des actions concrètes sur le terrain des opérations.