Une cinquantaine d'entrepreneurs se revendiquant de l'UGEA et de l'Association locale des entrepreneurs algériens se sont retrouvés, mercredi dernier, à l'hôtel Mordjane d'El Kala pour une assemblée générale commune avec un ordre du jour vague mais qui s'est précisé dès les premières interventions des organisateurs. Cette rencontre atypique, la dernière AG de l'UGEA remonte à trois ans, a été expressément convoquée pour apporter des « éclaircissements » aux déclarations d'un groupe d'investisseurs qui dénonçaient, une semaine auparavant à Annaba, des pratiques frauduleuses de l'administration de la wilaya d'El Tarf. En fait d'éclaircissements ce sont des contre-accusations auxquelles auront droit les journalistes d'El Tarf et de Annaba invités en renfort à la rencontre. D'emblée, les intervenants vont s'insurger contre ces indus qui, selon eux, pour ternir l'image de la wilaya d'El Tarf, se sont arrogés le droit de parler au nom des entrepreneurs, promoteurs et investisseurs d'El Tarf. Ce qui n'est pas tout à fait exact, leur fera-t-on remarquer. Le président de l'association des entrepreneurs et le président de la fédération de l'UGEA prendront ensuite tour à tour la parole pour dénoncer la « campagne médiatique » orchestrée contre l'administration de la wilaya et louer longuement les efforts déployés depuis quatre ans dans tous les secteurs « sous la conduite éclairée du wali d'El Tarf » comme cela a été également repris dans un communiqué remis à la presse. A l'issue de leurs interventions, les intervenants demanderont à l'assistance, composée en majorité d'entrepreneurs et où on a pu distinguer aisément, à l'ardeur de leurs applaudissements, le cossu parvenu du tâcheron qui plie sous le poids des retards de paiements, d'apporter leurs témoignages pour conforter le courant de l'administration. Ils ne seront pas servis aussi bien qu'ils le souhaitaient. Un intervenant dira tout haut, qu'il n'y a pas d'investisseurs dans la wilaya, qu'il n'y a eu jusqu'à présent que des affairistes parachutés qui prennent du terrain et s'éclipsent. Un autre prenant le soin de ménager l'administration et les autorités locales préférera faire le procès des entrepreneurs eux-mêmes, leur reprochant de manquer de maturité. Un autre encore, mal affranchi, laissera échapper qu'il a dû faire preuve d'un rare courage pour refuser des matériaux de construction à un cadre de l'administration qui lui en demandait avec insistance. Aux questions des journalistes qui souhaitaient avoir des chiffres et des bilans d'activités sur ces associations patronales et le secteur, il n'y aura pas de réponses. Même pas sur le nombre d'adhérents que comptent ces deux associations qui, manifestement, ont regroupé leurs membres pour faire une démonstration de force. A la question de savoir si, comme l'a déclaré le groupe d'investisseurs, il y a un recours abusif et douteux aux marchés de gré à gré, aux avis d'appel d'offres restreints et aux avenants à El Tarf, le président de l'association répondra qu'il n'y a pas eu de cas de force majeure ou d'urgence pour avoir recours à ce type de contrat. Enfin, questionné sur l'appel lancé la veille par le président de la République pour lutter contre la corruption qui gangrène la sphère économique et particulièrement le BTP, le premier entrepreneur de la wilaya a répondu sans hésitation : « La corruption n'existe pas chez nous. » Une singularité qui va certainement donner de la couleur à l'image de marque de la wilaya. Non sans faire pouffer de rire.
