Face à la crise majeure qui secoue depuis des mois leur organisation, les membres du conseil national de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA) se sont réunis mercredi dernier à Constantine, à l'hôtel Cirta, pour examiner les impératifs de changement induits par un pourrissement qui déréglait l'ensemble des rouages de cette organisation. En fait, l'objet essentiel de ce regroupement de l'état-major de l'UGEA sera en premier dévoilé par les initiateurs de cette assemblée générale extraordinaire, à savoir le vote d'une motion de retrait de confiance à son président Amar Habchi dont le mandat arrive à son terme au mois de juin prochain. Pour asseoir la légitimité de cette démarche, un huissier de justice fera au préalable un décompte minutieux en vue de déterminer si le quorum exigé par la réglementation en vigueur était bel et bien atteint par rapport aux 82 membres composant le conseil national. Une fois le quorum atteint au regard de la présence de 46 membres et la présentation de 20 procurations notariées accordant le pouvoir aux membres désignés de s'exprimer en leur nom, ce dernier donnera sa bénédiction pour la tenue de cette AG extraordinaire. A travers une intervention musclée, Kamel Heddid, membre du conseil national de l'UGEA et secrétaire général de la Confédération générale des opérateurs économiques algériens (CGOEA) fera un état des lieux sans concession en s'élevant notamment contre « les dérives, le comportement antidémocratique, les pratiques de l'exclusion, l'autoritarisme outrancier, et l'esprit de clan dont s'est rendu coupable le président de l'UGEA ». Dans son réquisitoire, l'intervenant montera la mayonnaise en dénonçant « l'autorité sans partage exercée par ce dernier, l'exclusion arbitraire de cadres dirigeants, le non-respect des statuts et règlements intérieurs, l'opacité dans la gestion administrative par la pratique de la censure et de la rétention de l'information, l'absence de transparence dans la gestion des comptes de l'organisation, les recettes et les dépenses étant camouflées sous le diktat, sans oublier le mépris affiché par M. Habchi quant aux recommandations formulées par le conseil national lors de la dernière assemblée générale tenue le 25 juillet 2004 ». Une mise à niveau s'impose Au cours du débat qui suivit, la redéfinition du rôle que devra jouer à l'avenir l'UGEA face aux enjeux importants induits par la mondialisation et l'ouverture du secteur du BTPH aux promoteurs étrangers a été ardemment souhaité par la quasi-majorité des membres du conseil national. D'autres souligneront avec force l'impérieuse nécessité pour chacun d'eux de mettre à niveau leurs entreprises afin de répondre durablement aux défis lancés par Abdelaziz Bouteflika concernant le projet pharaonique visant la construction de 1 million de logements d'ici à 2009. Pour ce faire, dira l'un des intervenants, il est urgent de débusquer les entrepreneurs bidon à l'origine, par manque de professionnalisme, de « la clochardisation du métier d'entrepreneur en BTPH ». Loin d'être réfutée, cette lecture donnera lieu à un débat passionné où s'affirmera la nécessité pour chacun d'eux de répondre convenablement aux défis lancés, sous peine d'être disqualifiés au départ d'un challenge sans merci. Prenant acte des remarques et des doléances exprimées, le secrétaire général de la CGOA reviendra sur la coupure radicale qui sépare le président de l'UGEA et les membres du conseil national avant de proposer à l'assistance un projet de résolution portant sur le retrait de confiance au président de cette organisation. Les membres du conseil seront, par ailleurs, invités à désigner un directoire composé d'un président et de quatre membres. Une fois cette formalité accomplie et au terme de la lecture exhaustive des tâches et prérogatives assignées à cette structure appelée, entre autres missions, à assurer la tenue de l'assemblée générale prévue dans les 60 jours qui suivent, le président élu de ce directoire fera lecture d'une motion entérinant le vote de retrait de confiance au président de l'UGEA.