Le journaliste Fahem Boukadous a été arrêté jeudi, malgré les appels à l'annulation de sa condamnation à la prison pour « entente criminelle » et « diffusion d'information de nature à troubler l'ordre public », dans la foulée de manifestations sociales en Tunisie. « Fahem Boukadous a été arrêté au lendemain de sa sortie de l'hôpital de Sousse, où il était soigné pour des problèmes respiratoires », a annoncé son avocate Radia Nasraoui. Il a été interpellé à l'intérieur de l'hôpital Farhat Hached, où il était retourné chercher son dossier médical en compagnie de son épouse. Fahem Boukadous, 40 ans, a été condamné le 6 juillet, en son absence, à quatre ans de prison ferme par la cour d'appel de Gafsa, alors qu'il était hospitalisé depuis le 3 juillet à Sousse pour des problèmes pulmonaires. Il a été reconnu coupable de « diffusion d'informations susceptibles de porter atteinte aux personnes et à leurs biens » et de « constitution d'une entente criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et aux biens ». Pour ses défenseurs et des ONG, le journaliste a été puni pour la couverture des manifestations sociales survenues en 2008 dans la région minière de Gafsa pour le compte de la chaîne satellitaire Al Hiwar Ettounsi (le dialogue tunisien, dissidence). A l'étranger, les Etats-Unis se sont dits « profondément inquiets » d'un recul des libertés en Tunisie et la France a affirmé son attachement « à la liberté d'expression » en Tunisie, suite à l'annonce du verdict. Le Parti communiste français a dépêché à Tunis une délégation conduite par Marie-George Buffet pour l'appui du journaliste, un opposant proche du Parti communiste des ouvriers tunisien (PCOT, interdit). L'Institut international de la presse (IPI) avait aussi dénoncé un climat de répression contre les journalistes, qui risquent des intimidations, voire la prison, s'ils cherchent à informer sur la corruption dans leur pays, selon l'organisation. Pour Reporters sans Frontières (RSF), la condamnation de M. Boukadous n'est qu'un « cas de plus qui montre que le régime tunisien se veut implacable avec les journalistes indépendants ».