Le théâtre régional de Batna n'a pas désempli depuis le début de ces 3es Journées théâtrales maghrébines. Après la troupe marocaine, Masrah el Moubadara, la troupe du Théâtre national algérien (TNA) a eu un grand succès pour Llallat en'sa. La troisième pièce, El koubtane wa nahs, adaptation de l'œuvre de Theckhov, Le Boulon, réalisée par Chawki Bouzid et interprétée par un duo d'enfer, El Hani et Kamel Zerara tiendra en haleine une salle comble pendant plus d'une heure. Un vaudeville où la parole est relevée par la gestuelle avec brio, dans une complicité incomparable entre les deux comédiens. Cette pièce, faut-il le signaler, n'était pas au programme. La défaillance de Kaoualisse Shehrazad de la même troupe marocaine, en raison de problèmes rencontrés par des comédiens qui n'ont pas rejoint la troupe, a contraint les organisateurs à combler le vide ; et ce ne fut pas une mauvaise chose du moment que le public s'était régalé. Au quatrième jour, le théâtre régional de Annaba n'a pas convaincu avec Balaoui essodaf (Les aléas du hasard, ndlr), adaptation par Hamid Gouri de Dans la solitude des champs de coton, de l'auteur Bernard Marie Coltés. Même si le réalisateur invoque l'exiguïté de la scène, ceci ne justifie pas à lui seul la mauvaise exploitation de l'espace scénique, qui a mis mal à l'aise le spectateur et ne lui a pas permis de suivre le déroulement de la pièce, ceci du point de vue de la forme. Du point de vue du contenu, le message recherché par l'auteur, la loi de l'offre et de la demande, aurait nécessité, de notre point de vue, un dialogue plus riche et plus recherché. L'effet Bouguermouh Il a fallu attendre le cinquième jour pour avoir droit au grand spectacle. Il s'agit de l'adaptation de Rhinocéros, d'Eugène Ionesco, version Omar Fetmouche : R'djal ya h'lalef présentée par le Théâtre régional de Béjaïa. Pas moins de 26 comédiens se sont succédés sur la scène dans un rythme infernal qui n'a pas donné de répit aux spectateurs. Les rires et les applaudissements ont dû contraindre, à plusieurs reprises, les comédiens à interrompre le jeu. H'cen Azazni, rescapé de la troupe du défunt Bouguermouh, qui fut le premier à monter la pièce en question, nous confia que les éléments de la troupe eurent beaucoup de difficultés à se mouvoir en raison du problème de l'exiguïté de la scène. En effet, plusieurs troupes posent le même problème de l'espace scénique et arrivent difficilement à y adapter leur décor ! Il est temps que Batna pense à la réalisation d'une salle qui répondrait aux normes universelles.