Une rencontre littéraire a été organisée, samedi dernier, à la librairie L'Arbre à Dires, avec l'écrivain Djawad Rostom Touati autour de son dernier roman intitulé La civilisation de l'Ersatz. Paru aux éditions Apic, La civilisation de l'Ersatz est le second roman du jeune écrivain, mais aussi la suite de sa trilogie dont le thème est «Le culte du ça». Dans son dernier ouvrage, Djawad Rostom Touati met en exergue la rencontre de deux classes sociales, la couche populaire et la petite bourgeoisie. L'histoire s'inscrit à travers un drame, un viol que va subir une trentenaire du nom de Malia qui avait perdu son mari. Hébergée chez sa tante, c'est son cousin qui est l'auteur du crime. Toutefois, ses ennuis ne font que commencer, car elle tombe enceinte et est obligée de quitter le domicile familial. «Le récit a été essentiellement cultivé à travers un fait divers lu dans un quotidien algérien, mais qui a été réécrit à ma manière», rapporte l'auteur. L'œuvre de Djawad Rostom Touati est un clin d'œil à la société patriarcale qui essaye toujours d'être dominante même à notre époque. D'ailleurs, si l'on pouvait dater les événements relatés dans l'ouvrage, ils correspondraient tout à fait à la période contemporaine de ces dernières années. «Si la femme qui a été violée n'a pas été prise en charge par son cousin, c'est parce que nous sommes dans une époque où le patriarcat est en pleine déconfiture. On ne cesse de rabâcher dessus comme s'il était dominant. En fait, il continue à se réclamer de droit sans en assumer ses devoirs. Chose qui va l'amener à sa perte et rien d'autre. Et ce n'est sûrement pas le féminisme qui va le liquider», relate l'écrivain. Il ajoute : «Cette femme est reniée par sa famille, c'est parce qu'elle a fait un mariage d'amour.» Il faut savoir que les événements tragiques que vit Malia s'inscrivent dans des moments de transformations sociales importantes. Ce que l'auteur essaye de transmettre à travers son ouvrage, c'est que la société souffre de différents déséquilibres sociétaux. Et peu importe la classe sociale où nous nous trouvons, ces déséquilibres sont ressentis de manière différente par chacun. Parmi les littérateurs qui ont inspiré sa plume, nous avons Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Emile Zola et Gustave Flaubert. «Ce qui m'a attiré chez eux, c'est la manière dont ils amènent les choses avec subtilité, mais de manière claire. J'essaye de démontrer toutes ces transformations sociales comme l'a fait Mohammed Dib dans son livre Le métier à tisser, comme l'a fait aussi Mouloud Mammeri dans La traversée et comme le faisait Emile Zola dans plusieurs de ses ouvrages», confie-t-il. Il parle d'une société dominée par un capitalisme qui a transformé les produits de l'artisanat en produits sans relief ni qualité. «Aujourd'hui, le capitalisme, ce n'est plus seulement les produits transformés en masse et en série, mais aussi les comportements sociétaux et les rapports sociaux eux-mêmes qui sont transformés», décrit Djawad Rostom Touati. Une œuvre, d'ailleurs, qui épouse bien son titre. Car elle y décrit les civilisations comme étant dominées par les ersatz, des éléments considérés comme étant insignifiants. Femmes Pour ce qui est de la place des femmes, l'auteur en parle sans en faire une fixation. Ce qui est important pour lui, c'est de ne pas en faire une catégorie particulière. Il ne souhaite donc pas les enfermer à tout prix dans une case, car cela viendrait à les mystifier. Pour ainsi dire, «nous nous débattons tous dans les mêmes problèmes. Si dans une situation donnée, il y a un traitement particulier des femmes ou une oppression particulière sur les femmes, elle serait subsumée par une oppression plus globale», poursuit-il. Si dans son premier roman intitulé Un empereur nommé désir il abordait l'aspect léger des romans de gare avec moquerie, c'est justement parce qu'il y avait des contenus idéologiques derrière ces mièvreries. Pour ce qui est de la suite de ses écrits, l'auteur confie qu'il allait conclure la trilogie par un ouvrage dont l'intitulé sera La misère de la littérature. Un raisonnement qui tournera autour des littérateurs qui sont plus préoccupés par leur ascension mondaine que du contenu concret de leur lecture. Par ailleurs, après cette trilogie et un quatrième roman qu'il écrit en parallèle, l'auteur prendra une pause pour se consacrer à une autre passion qui est le théâtre. «J'aimerais écrire une pièce théâtrale en dialecte algérien rimé», confie-t-il.