C'est dans une ambiance bon enfant qu'a eu lieu, samedi dernier, à la librairie Chaïb-D'zaïr, la présentation du livre « Un empereur nommé désir » de Djawad Rostom Touati, publié aux éditions Anep. Sid-Ali Sekhri, consultant à l'Anep, reconnaît avoir eu pour ce premier roman « un coup de cœur ». « On détient un grand écrivain. Il a un style vraiment très personnel, une érudition. Ses personnages sont crédibles et il a des références littéraires et philosophiques », a-t-il affirmé. L'auteur fait la critique de la petite bourgeoisie algéroise et ses comportements consuméristes. Vu sa maîtrise de la langue et de la littérature, je le considère comme l'un des plus grands écrivains en Algérie de la langue française », a-t-il ajouté. L'auteur a évoqué la genèse de son livre. « Ce roman est né d'une réflexion. J'entendais beaucoup que les Algériens ne lisent pas. Je me suis alors intéressé à la question. Non, les Algériens lisent, même si une grande partie opte pour les romans de gare, comme ceux de Coelho, qui participent à une certaine propagande, que Michel Gustave, appelle l'idéologie du désir. » « J'ai décortiqué cela en reprenant les mêmes codes des romans de gare, mais en les subvertissant et en faisant une critique, que j'espère subtile et pertinente. Dans cet essai romancé, je présente quelques thèses sous-jacentes, en filigrane de l'intrigue, pour essayer d'accrocher le lecteur. C'est un peu comme Jack London dans « Le loup des mers ». A son grand dépit, son livre a été classé dans le roman d'aventure alors que l'intrigue ne servait qu'à hameçonner le lecteur pour le faire réfléchir sur le duel de deux philosophies », explique l'auteur. Ce dernier a pris le contre-pied d'un genre dominant, celui de la littérature érotico-guimauve. Il a repris diverses réflexions d'essayistes connus et considérés parfois des jargonneurs compliqués à lire. Il a essayé d'établir une passerelle entre le monde de l'essai, de la sociologie et celui du roman. Il met en vedette les vécus individuels notamment les perceptions dans une société en mutation. L'ouvrage s'appuie sur des textes qui offrent une lecture originale sur la complexité de l'âme. Ce volumineux livre de 383 pages est présenté comme un triangle amoureux, et prend à contre-pied le schéma des romans de gare. Il narre l'histoire de trois personnages principaux. Nadir incarne l'artiste rebelle, Daria, jeune fille pure et rangée, Imane, femme fatale. Cette intrigue rocambolesque sert de prétexte pour réfléchir sur la marchandisation des rapports sociaux. En dernier, le romancier révèle que ce livre exquis et attachant s'inscrit dans une trilogie nommée « le culte du ça ». Une vente-dédicace est prévue prochainement à la libraire Fateh-Kitab, à la cité des Bananiers, Mohammadia, Alger. Les enseignements et les expériences, Djawad Rostom Touati veut les partager avec les jeunes pour les sensibiliser à la vie. Djawad Rostom Touati est né en 1985 à Alger. Licencié en économie internationale et titulaire d'un master en management, il a obtenu les prix de la meilleure nouvelle d'arts et culture (2005) et du Feliv (2015). Cette année, le 2e prix Ali-Maâchi a été décerné à « Un empereur nommé désir ».