Les employés de la commune boudent depuis des mois les rues du centre-ville de Souk Ahras et, du coup, ce sont les habitants de cette vieille cité qui en pâtissent par ces temps de risque de contamination. La chaussée poussiéreuse au niveau de la rue Frantz Fanon exaspère les citoyens, qui ne savent plus à quel saint se vouer, depuis que les agents d'entretien de la commune, affectés récemment à ces rues, affichent haut et fort leur indifférence. Dans ces lieux où un mélange de particules de vieux ciment moisi et de terre humide vous titille les narines jusqu'à provoquer des éternuements qui vous coupent le souffle, le passage des enfants, des personnes âgées et celles souffrant de maladies respiratoires est appréhendé par bon nombre de gens. Les rues Pasteur et Saint- Augustin croulent sous le poids des ordures ménagères, et l'ancienne mosquée démolie n'est pas pour faciliter la tâche puisque le site est déjà transformé en décharge sauvage. Il sert également, en l'absence de toilettes publiques, de vespasiennes. La rue Sainte-Monique se distingue, quant à elle, par les rats morts et les herbes sauvages, qui étaient, à l'heure où nous rédigions ce papier, à 50 cm de hauteur. C'est dans ce quartier, qu'un citoyen a vainement tenté d'attirer l'attention d'un employé communal, affecté officiellement à cette cité, sur l'ampleur du phénomène. En guise de réponse, celui-ci a eu droit à une dérobade qui frise le ridicule : « Ce n'est pas mon secteur. » La responsabilité de cette situation est également partagée par les citoyens, car rares sont les façades ravalées et les portes peintes dans cette partie de la ville où l'on refuse même de nettoyer devant chez soi. Ici et ailleurs, on use de l'imparfait pour décrire les campagnes de volontariat et les bons vieux gestes civiques.