L'Université des sciences et technologies Houari Boumediene (USTHB) a organisé, jeudi dernier, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, une rencontre-débat sur le thème : «La place de la femme dans le domaine de la recherche scientifique». La rencontre a vu la participation d'experts et expertes ayant réussi dans leur carrière professionnelle. Des enseignantes chercheuses de l'USTHB et bien d'autres universités et écoles supérieures ont également assisté à cette journée. Le professeur Amara Adnane Leila, enseignante et chercheuse à la Faculté de chimie de l'USTHB a indiqué que cette rencontre s'inscrit dans une «dynamique initiée dans le but de permettre un débat franc et sincère autour de la recherche et de la place de la femme enseignante-chercheuse au sein de l'Université». Cette idée, encouragée par le recteur et le vice-recteur chargé des relations extérieures, a permis d'amorcer un débat «à la hauteur de l'importance de la recherche dans un pays émergeant comme le notre», a assuré l'enseignante-chercheuse. Le recteur de l'université, en l'occurrence le professeur Noureddine Benali Cherif, est revenu longuement sur l'historique de la recherche scientifique en Algérie, depuis l'époque coloniale à ce jour, en rappelant que la première femme algérienne ayant décroché un diplôme universitaire était Aldjia Noureddine Benallegue, diplômée de la Faculté de médecine d'Alger, en 1945. Le professeur Noureddine Benali Cherif n'a pas manqué de saluer les réalisations de la femme dans le domaine de la recherche scientifique, dans l'Algérie indépendante. Le recteur a indiqué également qu'en 1962, l'Université algérienne comptait environ 2700 étudiants et que les étudiantes ne représentaient que 1%, alors qu'en 2020, les étudiantes dépassent actuellement les 50% des quelque 1 600 000 inscrits. Concernant l'USTHB, Pr Cherif Benali a fait savoir qu'aujourd'hui, les étudiantes en master dépassent les 60% de l'effectif estudiantin, celles en post-graduation en représentent 64%, au moment où le personnel enseignant féminin a augmenté à hauteur de 55,7%. L'experte en management qualité en Industrie et Technologie (IT) de l'Université Al-Manar de Tunis, le Pr Leila Guellouz, a expliqué «les raisons qui empêchent la femme de s'investir davantage dans la recherche, alors que le nombre des étudiantes et le taux de réussite chez les filles dans le cursus universitaire étaient plus élevés par rapport à ceux des garçons». Elle a souligné l'importance d'élaborer des statistiques actualisées aux niveaux des institutions de chaque pays pour avoir une «vision claire et trouver les voies et moyens de valoriser et améliorer la place de la femme dans le domaine de la recherche scientifique». Pour Mme Guellouz, l'amélioration de la place de la femme dans la recherche est d'abord «un choix sociétal» qui nécessite la «généralisation d'une dynamique juridique et culturelle dans le sens du progrès et de la modernité». Tout comme le recteur de l'USTHB, le Pr Guellouz a indiqué que les femmes représentent 44% du personnel enseignant dans les universités tunisiennes et 47% du corps des chercheurs. La troisième et dernière conférence a été présentée par le professeur Hasna Amina Messaid, enseignante chercheuse en économie au CREAD et directrice de l'Ecole nationale supérieure de management de Koléa. La conférencière a appelé les femmes, étudiantes ou chercheuses à avoir une «forte personnalité pour pouvoir affronter toutes les situations professionnelles» et à «se positionner comme étant chercheuse à part entière, et non comme femme-chercheuse». Elle a estimé que le «parcours social» de la chercheuse scientifique perturbe souvent son «parcours et sa carrière professionnels», ce qui «l'empêche d'évoluer efficacement en tant que chercheuse». Et de déplorer le fait que «certaines chercheuses se font exploiter quand elles veulent s'affirmer dans leur travail». Par ailleurs, le Pr Messaid a tenu à souligner l'importance d'améliorer le climat de la recherche scientifique pour l'ensemble des chercheurs et chercheuses, en mettant en avant la nécessité pour tout un chacun de «faire un travail sur soi, à travers l'autocritique et l'autoévaluation». Notons enfin qu'en marge de ces conférences, une exposition des clubs scientifique a été organisée ainsi qu'une cérémonie d'attribution de prix. Trois récompenses ont été ainsi octroyées, une pour le club scientifique «Openmind club», une autre pour le club scientifique, «Process club», et une troisième pour la presse.