La place de la femme dans le domaine de la recherche scientifique en Algérie et dans le monde a été débattue jeudi à l'Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB) lors d'une rencontre organisée à l'approche du 8 mars, Journée internationale de la femme. La rencontre a été animée par le recteur de l'USTHB, Noureddine Benali Cherif, l'experte en management qualité en Industrie et Technologie (IT) de l'Université Al-Manar de Tunis, Leila Guellouz, et la directrice de l'Ecole nationale supérieure de Management de Koléa, Hasna Amina Messaid. Prenant la parole en premier, Benali Cherif est revenu longuement sur l'historique de la recherche scientifique et de l'Université en Algérie depuis l'époque coloniale, et même avant, jusqu'à aujourd'hui, en rappelant que la première femme algérienne ayant décroché un diplôme universitaire fut la défunte Aldjia Noureddine Benallegue, qui était diplômée de la Faculté de médecine d'Alger en 1945. Saluant les réalisations de la femme dans le domaine de la recherche scientifique dans l'Algérie indépendante, Benali Cherif a abordé le cadre juridique qui régit la recherche scientifique en Algérie depuis 1962 et la politique nationale de la recherche ainsi que l'évolution du réseau universitaire. En termes de chiffres, le recteur de l'USTHB indiquera qu'en 1962 où l'Université algérienne comptait quelque 2.700 étudiants dans ses rangs, les étudiantes ne représentaient que 1%, alors qu'en 2020, les étudiantes dépassent les 50% des quelque 1.600.000 inscrits. Concernant l'USTHB, M. Benali Cherif a fait savoir qu'actuellement les étudiantes en Master dépassaient les 60%, celles en post-graduation représentaient 64%, au moment où le corps enseignant féminin est de 55,7%. Dans le même contexte, Mme Guellouz a indiqué que les femmes représentaient 44% du personnel enseignant de l'Université tunisienne et 47% du corps des chercheurs, soutenant que la problématique qui nécessite d'être posée devrait porter sur "les raisons qui empêchent la femme de s'investir davantage dans la recherche alors que le nombre des étudiantes et le taux de réussite chez les filles dans le cursus universitaire étaient plus élevés par rapport à ceux des hommes". Elle a également souligné l'importance d'élaborer des statistiques "actualisées" aux niveaux des institutions de chaque pays pour avoir une "vision claire et trouver les voies et moyens de valoriser et améliorer la place de la femme dans le domaine de la recherche". Pour Mme Guellouz, l'amélioration de la place de la femme dans la recherche est "d'abord un choix sociétal" et nécessite la "génération d'une dynamique juridique et culturelle dans le sens du progrès et de la modernité". De son côté, Mme Messaid a appelé les femmes chercheures à avoir une "forte personnalité pour pouvoir affronter les situations professionnelles" et à "se positionner comme étant chercheure à part entière et non comme seulement femme-chercheure". Elle a estimé que le parcours social de la femme chercheure "perturbait souvent son parcours et sa carrière professionnels", et qui "l'empêchait d'évoluer efficacement en tant que chercheure", en déplorant le fait que "certaines chercheures se font exploitées quand elles veulent s'affirmer dans leur travail". Par ailleurs, Mme Messaid a tenu à souligner l'importance d'améliorer le climat de la recherche scientifique pour l'ensemble des chercheurs et chercheures, en mettant en avant la nécessité pour tout un chacun de "faire un travail sur soi à travers l'autocritique et l'autoévaluation afin d'éviter les embuches qui risquent d'entraver le parcours professionnel".