Le fait est toujours rare à signaler, mais ils sont un peu plus nombreux que d'habitude à Oran à montrer qu'ils respectent les consignes de prévention concernant le Covid-19. Dans les rues ou dans les transports en commun, certains s'affichent désormais plus facilement avec un masque de protection. D'autres, notamment ceux qui travaillent avec le public n'hésitent pas à mettre des gants. Aussi, même si c'est juste pour plaisanter, on se salut désormais avec le coude, le pied ou à la manière indienne. Ce sont sans doute les dernières mesures prises par le gouvernement à savoir la suspension des vols vers et de l'étranger et la fermeture prématurée des écoles qui ont fait prendre conscience aux gens que le pays n'est pas à l'abri de cette épidémie. «C'est très difficile de changer les habitudes car même si moi je m'abstiens de tendre ma main ou ma joue pour les salutations habituelles, si mon vis-à-vis fait le geste, j'aurais du mal à refuser la sollicitation pour ne pas vexer», indiquait, dimanche, ce passant conscient du risque, mais qui se résigne. On se lave plus fréquemment les mains mais, pour le moment, presque personne ne songe sérieusement au confinement généralisé. Spécialisé dans l'habillement, ce commerçant s'est équipé en quantité suffisante de gel hydro-alcoolique qu'il n'hésite pas à proposer à ses clients à l'entrée de son magasin. «Je le fais pour eux bien sûr, mais c'est aussi une manière d'éviter de prendre des risques inutiles car mes clients touchent les articles exposés», explique-t-il. Le coronavirus est pourtant le sujet de discussion principal. Les cafés de la ville étaient, hier lundi, moins fréquentés que la veille, mais les clients sont toujours là. Les informations circulent et chacun y va de ses arguments entre ceux qui pensent que le climat tempéré du Sud peut constituer une barrière à la propagation, ceux qui s'en remettent à la fatalité ou ceux qui suivent de près l'actualité scientifique liée à cette épidémie. «Moi je peux toujours éviter les cafés et les autres lieux de consommation mais quand il s'agit de régler des problèmes administratifs ou autres comme c'est le cas actuellement avec ceux qui s'amassent dans les agences de la compagnie aériennes pour se faire rembourser leurs billets ou décaler les réservations, on n'aura pas trop le choix», explique ce client. Ils sont aussi rares mais certains n'hésitent pas à conseiller de constituer déjà des stocks de provisions, influencés sans doute par les images provenant de certains pays touchés. «Ce n'est pas de la panique, mais je ne perds rien à acheter, plus que d'habitude, des sachets de pâtes, des légumes secs ou des boites de conserves, bref des produits non périssables», indique ce père de famille qui espère lui aussi qu'à l'approche de l'été les choses rentreront dans l'ordre.