Sans déroger à la règle, la session de printemps de l'APN vient de s'achever sans enregistrer de résultat probant, ressemblant à celle de l'automne passé. Les députés du groupe parlementaire RCD qualifient, dans un communiqué rendu public hier, l'action du Parlement d'« inertie » et de « soumission », incapable d'assumer ses prérogatives, jetant ainsi « le discrédit sur son rôle tant la soumission a provoqué une panne systématique ». Pour leurs homologues d'El Islah, « jamais l'APN n'a connu une telle inefficacité ». Un bilan que partagent aussi les députés d'Ennahda : « Cette session s'est caractérisée par un échec inouï dans l'accomplissement des missions attribuées à l'APN, par un bilan négatif, ce qui rend le Parlement en déphasage total avec la société. » La faute est à chercher du côté du bureau de l'APN, selon les députés d'Ennahda : « Nous imputons la responsabilité la plus complète au bureau de l'Assemblée pour avoir facilité et encouragé la fuite du gouvernement et ce, en ne l'ayant pas obligé à rendre compte du bilan annuel aux élus de la nation, mais aussi permettre aux élus d'exercer leur rôle constitutionnel de contrôle sur l'action du gouvernement. » Même son de cloche à El Islah, qui renvoie la balle dans le camp du bureau de l'Assemblée qui, selon les députés de cette formation, « observe le silence notamment concernant le projet de loi de criminalisation du colonialisme proposée par des députés de différentes tendances ». El Islah souligne aussi la violation flagrante de l'article 84 de la Constitution qui oblige le gouvernement à présenter sa déclaration de politique générale annuellement. Cette session s'est aussi caractérisée par les nombreux scandales qui ont éclaboussé l'économie nationale. Pour le RCD, le gouvernement privilégie « la sourde oreille et la fuite en avant » dans les cas de « corruption et opacité à Sonatrach, placements occultes à l'étranger, fonds spéciaux, dopages financiers de ministères, détournements des fonds affectés à l'agriculture et doublement injustifié et à la hussarde du plan quinquennal ». Ainsi, le gouvernement tente, d'après le RCD, d'évacuer du débat public les questions qui taraudent l'esprit des Algériens, confirmant par la même « la fonction de béquille » dévolue par l'Exécutif à l'institution parlementaire. Ennahda, pour sa part, dit ne pas comprendre « la tergiversation du gouvernement dans la présentation des lois complémentaires, notamment la loi de finances complémentaire 2010 ». Ce qui pénalise la mission de contrôle assignée aux députés de la nation et « ouvre grande la voie aux malversations et autres dilapidations de deniers publics »