Alors que le verdict du tribunal d'Alger sera connu le 1er avril prochain, l'ex-patron de la police, Abdelghani Hamel, devra comparaître aujourd'hui devant le tribunal de Blida, avec l'ex-chef de la sûreté de wilaya d'Alger, Noureddine Berrachedi, incarcéré depuis des mois. Ce procès verra la comparution de témoins, dont Tayeb Louh, ex-ministre de la Justice, et Kamel Chikhi, l'un de ses associés et officiers de la brigade économique d'Alger. Apeine son affaire devant le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger mise en délibéré pour le 1er avril prochain, l'ex-DGSN, Abdelghani Hamel, est appelé à comparaître aujourd'hui devant le tribunal de Blida, avec l'ancien chef de la sûreté de wilaya d'Alger, Noureddine Berrachedi. Ils sont tous deux poursuivis et font l'objet d'un mandat d'arrêt, depuis près de huit mois, pour deux chefs d'inculpation «abus de fonction» et «trafic d'influence sur des agents publics». Liée à Kamel Chikhi, principal accusé dans le dossier des 701 kg de cocaïne, l'affaire est des plus intrigantes et devrait aboutir à l'audition, en tant que témoin, de l'ex-ministre de la Justice, en détention qui aurait subi récemment une intervention chirurgicale. Cette affaire remonte au mois de juin 2018, et concerne en fait la visite de deux divisionnaires et d'un commissaire de la brigade économique à la Conservation foncière de Bir Mourad Rais, à Alger, sans ordre du procureur, pour réclamer la liste des personnes ayant acheté des logements dans une promotion immobilière à Hydra, appartenant à Kamel Chikhi, alors qu'il faisait l'objet d'une enquête menée par la gendarmerie. Ils obtiennent cette liste avec les actes de propriété. Informé, le procureur ouvre une enquête et les officiers en question sont auditionnés. Ils pointent du doigt Berrachedi, accusé d'avoir exercé sur eux «de lourdes pressions et intimidation». Auditionné, le chef de la police judiciaire d'Alger confirme les propos de ses collègues. Il évoque cette «visite de Berrachedi au service dans la matinée du 26 juin 2018 pour s'en prendre à l'équipe avec des propos menaçants». Dans l'après-midi de la même journée, Abdelghani Hamel est limogé à la suite de sa déclaration sur l'affaire de la cocaïne. Berrachedi nie les faits et explique que le travail des officiers de la brigade économique, entre dans le cadre de l'enquête menée, depuis 2016, sur des soupçons de blanchiment d'argent qui pesaient sur les activités de Kamel Chikhi et évoque une instruction du procureur de Bir Mourad Rais, en date du 27 avril 2018, pour insister sur les biens achetés par Chikhi et les registres du commerce qu'il utilise dans toutes ses opérations commerciales. Mais juste avant que l'affaire de cocaïne n'éclate, le même procureur a décidé de mettre le dossier au vert et Berrachedi s'est plaint à son directeur général. Celui-ci prend attache avec le ministre de la Justice, Tayeb Louh, et dans la même journée, le procureur relance Berrachedi sur le dossier. C'était quelques jours seulement avant que la saisie des 701 kg de cocaïne à Oran, le 26 mai 2018, et que l'enquête ne soit confiée à la Gendarmerie nationale. Le 30 mai, Berrachedi instruit les trois officiers de la brigade économique et le chef de police judiciaire de récupérer, auprès du conservateur foncier de Bir Mourad Rais, la liste des personnes ayant acheté des appartements auprès de Kamel Chikhi. Dans un premier temps, ils refusent sous prétexte qu'il n'y a pas de réquisition du procureur. Berrachedi estime que «la police judiciaire n'attend pas la réquisition du procureur lorsqu'elle est sur une enquête». Après quelques jours de «pressions et d'intimidations», comme l'affirment les trois officiers, ces derniers finissent par se présenter à la conservation, d'où ils récupèrent le document. L'affaire se retrouve sur le bureau du procureur général, lequel ouvre une enquête. Les trois officiers ainsi que Berrachedi sont entendus. Ce dernier nie catégoriquement avoir exercé «une quelconque menace» contre ses subordonnés. Le témoignage du chef de la police judiciaire l'enfonce en confirmant les déclarations des trois officiers. Berrachedi se défend en affirmant avoir «exécuté les ordres» de son directeur général, lequel dément ces propos. Les deux sont inculpés et placés sous mandat de dépôt pour «abus de fonction dans le but d'obtenir d'indus avantages de nature professionnelle pour garder les privilèges liés au poste», en ce qui concerne Abdelghani Hamel, et «abus de fonction et recours illégal à des moyens de pression sur les subordonnés», pour Noureddine Berrachedi. Après un premier report, le procès devra avoir lieu aujourd'hui au tribunal de Blida, en présence des trois officiers de la brigade économique, du chef de la police judiciaire, du conservateur foncier de Bir Mourad Rais, de Kamel Chikhi et d'un de ses associés. La défense de Berrachedi a demandé, quant à elle, l'audition en tant que témoin de Tayeb Louh, arguant du fait que la plainte déposée contre l'ex-chef de sûreté de wilaya d'Alger cite une note adressée par l'ex-ministre de la Justice, qui n'existe pas dans le dossier.