L'ex-DGSN, le général-major Abdelghani Hamel, sera entendu ce matin, par le juge d'instruction au tribunal de Sidi M'hamed en tant que témoin dans l'affaire de saisie de 701 kg de cocaïne au port d'Oran, nous a confirmé Saïd Younsi, avocat du principal accusé Kamel Chikhi. Selon l'avocat, la convocation de Hamel signifie que la justice a statué favorablement à la demande de la défense de Chikhi d'auditionner l'ex-DGSN, déposée le 15 juillet 2018, à la neuvième chambre du tribunal spécialisé d'Alger. La défense de l'homme d'affaires et importateur Kamel Chikhi estime que Hamel détient des preuves qu'il est tenu de remettre à la justice, d'autant qu'au moment de l'éclatement du scandale des 701kg de cocaïne, il venait de rentrer d'une mission officielle en Espagne. Adelghani Hamel avait, en effet, déclaré le 26 juin dernier, en marge d'une rencontre sur la lutte contre le trafic de drogue, qu'il y a eu des dépassements dans l'enquête préliminaire sur cette affaire. Et d'ajouter : "Nous disons que celui qui veut lutter contre la corruption doit être propre. Même si notre institution n'est pas concernée par cette enquête, nous allons transmettre les dossiers en notre possession à la justice." Après la présentation de son chauffeur personnel devant le juge et les informations qui commençaient à circuler sur le port sec de son fils, l'ancien DGSN a usé d'un ton menaçant en déclarant que "personne ne peut empêcher l'institution de continuer à faire son travail et surtout pas avec ses manœuvres". Le limogeage du DGSN, quelques heures après ses déclarations fracassantes, renforce la conviction de la défense de Kamel Chikhi que certaines parties ont des choses à cacher. Abdelghani Hamel pourrait aussi être interrogé sur l'arrestation de son chauffeur personnel en lien avec les services qu'il rendait à Kamel Chikhi, lui déroulant, à chacun de ses déplacements, le tapis rouge au niveau des ports et des aéroports. Dans un communiqué datant de juin 2018, l'ex-patron de la police avait expliqué que les actes de ce chauffeur du parc automobile de la DGSN n'engageaient que lui, mais le juge d'instruction ne semble pas convaincu par cette version des faits, puisqu'il a, à maintes reprises, interrogé le prévenu sur ce point précis. Le nom de Hamel a, en outre, été cité dans le cadre de l'instruction en cours, à l'occasion de l'audition de ses deux fils en tant que témoins autour de l'activité de leurs entrepôts sous douane situés à Oran. C'est dans ces entrepôts que les cargaisons de viande importée par Chikhi avaient l'habitude d'être stockées en attendant la fin des formalités douanières. Il est, également, reproché à l'un des fils de Hamel d'étendre son activité commerciale portuaire au-delà de la limite de la ville d'Oran, en violation de la réglementation. Une enquête était également ouverte sur leurs affaires et leurs biens. Toujours dans le cadre de cette affaire, le juge d'instruction avait auditionné à plusieurs reprises l'ex-procureur de la République du tribunal de Boudouaou et son adjoint, le fils de l'ancien Premier ministre Abdemadjid Tebboune, l'ex-président de l'APC de Ben Aknoun, le fils de l'ancien wali de Relizane ainsi que 12 fonctionnaires des services d'urbanisme et de conservation foncière. L'enquête judiciaire a connu toutefois, depuis novembre dernier, une longue pause pour ne reprendre qu'à la suite du discours du 10 avril du général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, qui a assuré que la justice poursuivra toutes les affaires de corruption ayant porté préjudice à l'économie nationale en citant celles de Kamel Chikhi dit le Boucher, de Khalifa et de Sonatrach en priorité.