Les bons de ciment cédés au sein de l'usine de Sour El Ghozlane pour un montant de 12 millions de centimes sont revendus par les trabendistes pour une somme atteignant les 25 millions de centimes, soit plus du double de sa valeur initiale. Le trafic de ciment n'a pas cessé à Sour El Ghozlane, un mois et demi après la descente effectuée par la Gendarmerie nationale au niveau de la filiale du groupe ERCC. La spéculation continue en dépit de la grande lessive opérée par les services de sécurité, qui, pour rappel, avaient bouclé tout le périmètre autour de la cimenterie avant de procéder à la vérification des papiers d'identité de toutes les personnes qui se trouvaient sur les lieux. Ils ont, ensuite, confisqué les cartes grises, les permis de conduire des chauffeurs de camions et saisi de fortes sommes d'argent avoisinant les deux milliards de centimes, trouvées dans les coffres de quelques véhicules de marque et en possession des personnes certainement impliquées, des factures, des cachets ronds et humides et des bons de ciment. Les propriétaires de véhicules ont abandonné leurs voitures à proximité de l'usine pour prendre la fuite. Les gendarmes ont dû faire appel à un service de dépannage pour le remorquage de ces voitures vers la brigade de gendarmerie de Sour El Ghozlane. Les gendarmes ont, ensuite, procédé à des interpellations de plusieurs personnes, dont des chauffeurs de camions et autres trafiquants de ciment. Alors que d'aucuns croyaient que le trafic allait cesser et que la normalisation serait de mise, la situation est restée quasiment inchangée. C'est, en tout cas, ce qui nous a été affirmé par des sources bien au fait de la question lors de notre présence sur les lieux. A l'extérieur de la cimenterie, l'espace réservé au stationnement des véhicules et autres camions est vide. Pas de véhicules légers de marque comme cela se faisait habituellement et avant que les gendarmes ne fassent le « grand nettoyage » de cette zone. Il n'y avait que les chauffeurs de camions attendant leur tour de chargement. Un chauffeur de camion nous éclairera sur cette situation : « Les propriétaires des véhicules légers ont peur et on ne les voit plus. Avant, on ne trouvait ici que de grands trafiquants et autres personnes malintentionnées avec leurs véhicules de luxe. Maintenant, vous constatez que de ce côté, c'est le désert. » Une autre source digne de foi est revenue avec plus de détails sur les rouages de ce commerce illicite pour ne pas dire négoce. Notre interlocuteur qui a tenu à garder l'anonymat a indiqué que « l'enquête est toujours en cours et que plusieurs personnes se présentent quotidiennement à la brigade de gendarmerie de Sour El Ghozlane pour les besoins de l'enquête ». Plus précis, il nous dira que « les gendarmes ont découvert et saisi des centaines de millions de centimes trouvés dans le coffre du véhicule d'un des trafiquants. Pour les bons d'achat, c'est encore pire ». S'agissant justement de ces bons d'achat, nous apprenons de cette même source que d'une manière légale, « un bon de 20 tonnes de ciment est cédé au sein de l'usine même pour un montant de 12 millions de centimes mais il est revendu par les trafiquants pour un montant atteignant les 25 millions de centimes, soit le double de sa valeur initiale ». Questionné sur les rouages de ce business, il nous dira « vous savez, les affaires liées au trafic de ciment constituent une source de gain facile et rapportent beaucoup à ceux qui en usent mais surtout à ceux qui ont le bras long ». Il a ainsi révélé le cas d'un jeune homme qui aurait fait fortune alors qu'il ne possédait, au départ, qu'une simple table de vente de tabac placée à l'extérieur de l'usine. « Vous savez, en l'espace de quelques mois, ce jeune a fait une grande fortune, il détient actuellement trois camions de gros tonnage ». Pour notre interlocuteur, l'enquête, pour peu qu'elle soit menée d'une manière efficace, fera éclater la vérité. En tout cas, cette opération menée par des éléments de la Gendarmerie nationale ne sera certainement pas sans lendemain. Car cette affaire dévoilera tous ses secrets et surtout mettra un terme à ce sabordage qui mine une partie de l'économie du pays. Après près d'un mois, aucune information n'a filtré des services de sécurité sur l'état d'avancement de l'enquête.