Après la dégourbisation de la cité Diar Echems, les autorités locales viennent de vider, il y a quelques jours, l'espace malfamé dit « la Carrière », sur les hauteurs de Bab El Oued, non sans casse, suite au mécontentement de certaines familles qui n'ont pas bénéficié, apprend-on, de logements attribués dans les communes de Baraki, Souidania, Birtouta, etc. L'administration, quant à elle, juge avoir listé les maisonnées habitant des taudis, et relogées, déjà par le passé dans des F2 et F3. Et c'est l'éternel recommencement, à travers des opérations de relogement, avec leurs lots d'insatisfaits. Mais c'est comme le mythe de Sisyphe. Plus on parle d'éradication des bidonvilles, plus le nombre de favelas dans la capitale grossit au fil des années. La violence semble être l'unique arme pour mettre la puissance publique devant le fait accompli, sommes-nous tenus de dire. La grogne de « La Carrière » n'a pas tardé à s'emparer d'une horde, réputée pour avoir causé, nombre de fois, le désordre public, en opérant, notamment les mois derniers, des descentes en règle dans la cité la Basetta et ses alentours, s'attaquant aux riverains et détruisant tout leur passage. Dans la nuit de mardi à mercredi dernier, la quiétude des habitants du Triolet a été, une nouvelle fois, brisée par des mutins et il a fallu, comme toujours, l'intervention des forces publiques pour leur faire ravaler moins leur colère que leur mauvaise humeur, mal placée. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans « cette distribution de la rente de l'Etat », disent, révoltés, des pensionnaires d'habitats dont l'état de dégradation menace ruine depuis des décades, alors que d'autres, renchérissent-ils, ont réussi à faire de leur gourbi un tremplin pour obtenir un logement flambant neuf. Un constat qui n'est pas faux a fortiori lorsqu'on observe des bénéficiaires revenir à leur campement de fortune, en refilant au prix fort le logement acquis sans bourse délier. Dans le même sillage, le laxisme patent autorise (excusez l'euphémisme !) l'érection de gîtes de tôle, installés sur les berges des oueds, exposés à la furie des eaux, sans compter la prolifération de chaumières élevées de bric et de broc agglutinées sur les versants des communes de Oued Koreich, Bologhine, Hammamet et autres Belouizdad et El Harrach. La question pertinente qui vient à l'esprit est : pourquoi attendre que des poches de galetas voient le jour ici et là, grappillant le foncier public des années durant pour que l'autorité publique procède à leur élimination ? Aussi, dans le cas d'espèce cité plus haut, serait-on assez vigilants pour ne pas laisser d'autres intrus réinvestir ces territoires maudits, libérés au clash ? Ces lieux de chancre, de vices, d'insalubrité qui encrassent davantage le décor d'une mégalopole qu'on a réussi à rurbaniser.