Le Premier ministre libanais, Saâd Hariri, a appelé hier au « calme », après l'annonce par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qu'il s'attendait à la mise en cause de membres de son parti par un tribunal de l'ONU dans l'assassinat du dirigeant Rafic Hariri. « Il y a certains qui s'imaginent, qui craignent, ou même qui souhaitent que l'affaire de l'assassinat (de Hariri) provoque une crise au Liban ou une dissension confessionnelle entre sunnites et chiites », a indiqué M. Hariri lors d'un congrès de son mouvement à Beyrouth. « Il y a des tentatives (...) d'organiser des campagnes pour inquiéter les Libanais », a ajouté le Premier ministre. « Nous appelons au calme », a-t-il souligné. « Nous ne basons pas nos positions (concernant le TSL) sur des informations propres à l'enquête », a assuré M. Hariri, sans démentir les propos de Nasrallah. « Assez de spéculations, assez d'intimidation, assez de provocation », a-t-il poursuivi. Lors d'une intervention par vidéo-conférence, Hassan Nasrallah a affirmé jeudi que Saâd Hariri, « avant son voyage à Washington » en mai, lui avait « rendu visite » et l'avait informé que « des membres indisciplinés » du Hezbollah seraient « désignés par l'acte d'accusation » du TSL, créé en 2007 par l'ONU. Des députés proches de Saâd Hariri ont toutefois nié que le Premier ministre soit au courant du contenu de l'acte d'accusation et qu'il en ait informé le chef du Hezbollah. Avant le discours de M. Hariri, le député Ammar Houri, du mouvement « Futur » du Premier ministre, a assuré que son chef ne pouvait « sûrement pas être au courant » du contenu de l'acte d'accusation, dont la publication par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) est attendu pour la fin de l'année. « C'est faux. Ils ont juste parlé des informations de presse », a-t-il précisé. Spéculations M. « Hariri n'a pas informé Nasrallah du contenu de l'acte d'accusation pour la simple raison qu'il n'est pas au courant de ce contenu », a affirmé de son côté le député Hadi Hbeich, également du mouvement « Futur », dans un entretien vendredi soir à « Radio Liban ». Rafic Hariri, ancien Premier ministre devenu opposant à l'hégémonie de Damas au Liban, a été tué avec 22 autres personnes dans un attentat à la camionnette piégée à Beyrouth le 14 février 2005. Le TSL est chargé de juger les auteurs présumés d'attaques terroristes au Liban, dont l'assassinat de Rafic Hariri. Les deux premiers rapports de la commission d'enquête de l'ONU avaient conclu à des « preuves convergentes » mettant en cause les Renseignements syriens et libanais. La Syrie a toujours nié toute implication. En mai 2009, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel avait affirmé que la commission d'enquête s'orientait désormais vers une piste menant au Hezbollah, provoquant une série de spéculations dans la presse locale et internationale. Cette perspective fait craindre une exaspération des tensions au Liban. En mai 2008, des affrontements entre partisans de Saâd Hariri et du Hezbollah avaient éclaté et fait une centaine de morts en une semaine.