Le 27 octobre 2000 s'ouvrait au public un musée unique en son genre à l'échelle nationale. C'est dans une cave d'immeuble, au quartier de Sidi Djillali (Sidi Bel Abbès), que le musée Ghandja a été créé par le comédien et marionnettiste Kada Bensmicha. Un musée qui propose à ses visiteurs de découvrir les nombreuses facettes d'un art aux origines multiples. Véritable grotte d'Ali Baba, ce haut lieu de la marionnette compte plus de 300 pièces ramenées des quatre coins du monde : Philippines, Venezuela, France, Benin, Mexique, Inde, Italie, Allemagne…. Ghandja est d'abord un personnage qui remonte à une ancienne croyance populaire en Algérie. Il constituait l'élément principal et symbolique d'un rituel particulier, qui était largement pratiqué durant les périodes de grande sécheresse. Un personnage, que les enfants brandissaient en implorant le ciel pour qu'il pleuve, explique Kada. Dans le rituel, légué de génération à une autre, les enfants dansent autour de la marionnette tout en chantant des chansons qui nous sont familières encore de nos jours. Bensmicha en a répertorié une quinzaine, uniquement dans la région ouest du pays. « Ghandja est tiré du mot amazigh aghandjaï, qui signifie cuillère. Dans le Tessala et dans certaines régions de l'ouest, on utilise une sorte de balai dont la tête est fabriqué de feuilles de doum pour le rituel », explique-t-il. L'on retrouve également ce personnage en Tunisie et en Lybie sous le nom d'Oum Tango. Selon notre interlocuteur, Ghandja est souvent recouverte d'une robe et de foulards multicolores, un présage de bonheur et de richesse. Dans le musée qu'il a créé, il conserve jalousement un spécimen qu'il n'expose qu'à de rares occasions. Un musée qui présente une collection de marionnettes anciennes et contemporaines dont des pièces traditionnelles exceptionnelles. On y retrouve, à notre grand bonheur, des Bunraku japonais, des Rôi nuoc vietnamiennes, des Petrouchka russes ou encore des pièces de l'opéra dei Puppi de Sicile appelés Buratini (marionnettes à tige). Le musée comprend également des poupées à base de carapaces d'animaux du Mali et du Niger. Plusieurs d'entre elles lui ont été offertes par Mamadou Kali, célèbre marionnettiste malien résidant en France. Au milieu de cette fameuse collection de marionnettes, disposées soigneusement côte à côte, certaines pièces originales ont été gracieusement offertes par des artistes de la ville. Parmi eux, on peut citer l'écrivaine Maïssa Bey, le père du musicologue Omar Assou, Issad Khaled… outre le fait d'abriter toute une panoplie de marionnettes, le musée Ghandja constitue également un lieu de rencontres culturelles alternant soirées poétiques et spectacles pour enfants. Des activités culturelles en direction surtout des enfants qu'organise périodiquement la coopérative théâtrale Edik, dirigée par les Bensmicha, père et fils.