Bouziane Benachour est journaliste, écrivain et président du jury lors du Festival national du théâtre de la marionnette. Liberté : Quelle impression dégagez-vous de cette seconde édition du festival ? Bouziane Benachour : D'une manière générale, cette première édition du Festival national de la marionnette promet de belles surprises parce qu'on a eu quand même affaire à de belles pièces de théâtre de ville qui, a priori, n'avaient pas de tradition théâtrale dans ce genre d'art. Il y a à côté de cela des pièces de théâtre de la marionnette disons un peu moins bonnes. Je suggère en tant que membre du jury à ce qu'à l'avenir, il y ait à l'avance une commission nationale désignée par le commissariat du festival de la marionnette installé à Aïn Témouchent pour choisir les meilleures troupes. L'édition de cette année s'est déroulée dans d'excellentes conditions. Pour un coup d'essai, c'en est un. Le public a marché, la salle où se déroule le spectacle était assiégée par le jeune et moins jeune public, mais ce serait peut-être mieux si l'année prochaine, à côté des troupes invitées, il serait bon qu'il y ait une sorte de rencontre entre les praticiens (les animateurs de troupes, les marionnettistes, les concepteurs de poupées, les concepteurs de castelets, les concepteurs de musique, etc.) de cet art là et, éventuellement, les gens qui peuvent parler de l'art de la marionnette aussi bien en Algérie qu'ailleurs. Parce que la marionnette en tant que personnage mais aussi en tant qu'élément esthétique qui puise sa force et sa légitimité des arts plastiques ne concerne plus uniquement l'enfant. La marionnette c'est une poupée qui joue mais c'est aussi une œuvre d'art plastique. Sincèrement, nous n'avons rien à envier à certaines œuvres présentées dans d'autres pays. Il y a de jeunes troupes qui ont fait un excellent travail. Selon vous, est-ce qu'on a donné la chance à toutes les troupes spécialisées dans ce genre de manifestation d'y participer ? Il semble qu'il existe des troupes de théâtre qui n'ont pas été invitées parce qu'on ne sait pas où est-ce qu'elles se trouvent. Il serait intéressant de faire un recensement des troupes de théâtre de la marionnette qui exercent leur talent à l'échelle nationale parce que pour cette fois-ci, excepté la troupe de théâtre Masrah el Leil de Constantine, qui a donné un joli spectacle, pratiquement toutes les troupes participantes au festival de la marionnette de Aïn Témouchent viennent de l'Ouest. Cela ne veut pas dire qu'il y a une mauvaise volonté des organisateurs du festival de n'opter que pour les troupes de théâtre de la marionnette de l'Ouest, sauf que les organisateurs n'ont pas trouvé peut-être le temps nécessaire pour choisir les meilleures à l'échelle nationale. Peut-on voir un jour une participation algérienne à un festival international du théâtre de la marionnette ? C'est une revendication constante car il est nécessaire de participer à ce genre de manifestations. Parce que seule l'ouverture sur l'autre peut aider à hisser cet art au niveau que tout le monde souhaite, notamment pour ceux qui sont en charge de ce secteur. Bien sûr, il faut participer. Pourquoi ne pas proposer aux organisateurs, au commissariat de Aïn Témouchent à ce que une ou deux troupes participent à ces festivals internationaux. Il est une petite expérience que je vais citer pour cette idée de partage et d'ouverture, c'est la troupe de Kadda Bensmicha de Sidi Bel-Abbès, Masrah Ed Dik, qui a fait beaucoup pour la marionnette. D'abord, ici, il fait un travail constant de vulgarisation de l'art de la marionnette. Il a son musée à Sidi Bel-Abbès, il ne rate aucune occasion pour présenter ses marionnettes. Des initiatives pareilles sont à saluer et à encourager. Et comme nous avons la chance d'avoir un festival national institutionnalisé reconnu par la puissance publique et aidé par le ministère de la Culture, ce n'est que justice rendue. Il faut s'ouvrir sur les autres. Il faut que ce festival compte parmi les autres de la marionnette et qu'on souhaite qu'ils viennent vers nous. Il faut aborder l'ambition d'autant que le jeune public de Aïn Témouchent a montré qu'il était là. La salle de spectacles de la Maison de la culture était archicomble. Mieux que ça, il y a des gens qui sont venus d'Oran et des autres villes voisines avec leurs parents pour suivre le festival alors que nombreux sont ceux qui n'ont pas pu y assister faute de places. Bien évidemment, cela veut dire que notre enfant est moins bête que l'enfant d'ailleurs pour peu qu'on lui prépare le cadre pour suivre une œuvre esthétique, parce que l'œuvre de la marionnette c'en est qu'une et il est disposé à payer sa place. Ce qui est peut-être à souhaiter c'est que l'année prochaine, on prévoit d'autres salles pour d'autres pièces pour permettre au maximum d'enfants de les suivre. M. L.