Des jeunes de Naciria, une commune située à 40 km à l'est de Boumerdès, sont sortis exprimer leur mécontentement dans la rue, hier, suite au retard mis dans le versement de leurs indemnités de résorption du chômage. Trois heures durant, ils ont occupé la voie publique, ne la libérant qu'après l'intervention des élus locaux et des officiers de police qui ont engagé des discussions avec eux. Ils ont eu le loisir d'empêcher l'usage de la route, pénalisant les usagers. C'est la quatrième fois en l'espace de six mois que ces jeunes, employés dans le cadre des contrats de formation et de l'insertion (CFI), bloquent cet axe routier reliant Tizi Ouzou à Alger. Et ils ne sont pas les seuls. Leurs concitoyens de Si Mustapha l'ont aussi fait la semaine dernière. L'Etat, qui lance un dispositif d'aide aux chômeurs – lequel dispositif provoque autant de colère quelques mois seulement après sa mise en œuvre – n'est-il pas doublement responsable de tout le mal que cela produit ? Responsable parce qu'il ne garantit pas l'usage libre des espaces publics et la sécurité des citoyens et par le fait qu'il pousse, par des retards mis dans le paiement, à la manifestation. « Il faut toujours que nous sortions dans la rue pour qu'on nous verse les quelques sous qu'on nous donne », disaient hier les manifestants. En outre, ce dispositif est décrié par tout le monde, mis à part ceux qui sont payés 11 000 DA par mois. Car il s'agit d'un dispositif destiné à des jeunes sans formation et qui paie mieux que les formules de pré-emploi destinées aux universitaires. Un responsable local nous dira qu'il est même pratiquement impossible de vérifier la présence des bénéficiaires de cette formule sur les lieux de travail. Le plus grand mal demeure ce recours abusif, qui semble toléré par l'Etat, à l'occupation des voies de circulation. Des citoyens sont lésés parce que l'Etat crée des problèmes ou ne sait pas trouver de solution aux difficultés soulevées par le citoyen. Des enfants, des personnes âgées, des malades sont souvent coincés dans cette autre catégorie de barrages routiers. Que l'Etat, qui embauche des jeunes « pour les soustraire à la délinquance » sans penser à injecter l'argent qu'il faut dans des circuits qui pourraient être autrement plus bénéfiques, paye dans les délais ces citoyens qu'il « fait travailler ». Et qu'il assure le droit de chacun de circuler librement sur tout le territoire national. Pour que cesse l'immobilisation d'ambulances transportant des malades, sirènes hurlantes, à tous les « barrages ».