Une enquêté menée par un journaliste du site Middle East Eye (MEE) révèle que les colons israéliens en Cisjordanie occupée exploitent le confinement imposé pour ralentir la propagation du nouveau coronavirus pour annexer des terres palestiniennes et mener des attaques contre les civils. Au cours des derniers jours, indique MEE, « au moins trois incidents ont été rapportés, au cours desquels des colons israéliens ont rasé des terres palestiniennes et pavé des routes dans les districts de Naplouse, Jérusalem et Bethléem». « Les colons savent que les gens auront trop peur de venir nombreux et de protester contre ces tentatives, comme nous le faisions avant. C'est donc une situation idéale pour prendre le contrôle du territoire », soutient Ghassan al-Najjar, un activiste palestinien de Burin, un village situé à 5 km au sud de Naplouse. Non loin de que samedi, des dizaines de cas de suffocation au gaz ont eu lieu lors d'une incursion des forces d'occupation israéliennes dans le village de Kafr Qaddum à l'est de Qalqilya, dans le nord de la Cisjordanie occupée. « Les soldats d'occupation ont pris d'assaut le village et tiré une pluie de gaz lacrymogène et des balles réelles et en caoutchouc, ce qui a provoqué des dizaines de suffocations » parmi les Palestiniens dont des enfants, rapporte l'agence de presse Wafa. Selon la même source, des affrontements violents ont éclaté avec les soldats de l'occupation, qui avaient fait incursion dans les domiciles des citoyens et détruit les entrées principales du village. Au cours du mois de mars, 39 domiciles et installations ont été démolis par les bulldozers israéliens, exilant 75 citoyens Palestiniens dont 13 enfants et 17 femmes. Les villages de Madama, Burqa et Burin sont particulièrement ciblés par les colons israéliens. «D'habitude, nous subissons des attaques de colons plusieurs fois par mois. Mais depuis que nous avons été mis sous confinement à cause du coronavirus, celles-ci ont décuplé», explique encore Ghassan al-Najjar à MEE. Il ajoute que les colons, sous la protection des soldats israéliens, font quotidiennement des raids dans le village désormais. Il indique que des habitants de la colonie de Har Brakha ont tenté de s'emparer de terres palestiniennes à la périphérie du village. « Les colons savent que les gens restent chez eux à cause du coronavirus, alors ils essaient d'en profiter pour nous attaquer et prendre plus de terres », déplore l'activiste. Au sud de la Cisjordanie, dans le district de Bethléem, centre de l'épidémie de coronavirus en Palestine, le militant Mahmoud Zawahreh, 48 ans, témoigne que les colons ont adopté des tactiques similaires ces derniers jours dans la commune de Khallet al-Nahleh. Les colons essaient, selon lui, de s'emparer d'une colline de ce village depuis 2013. «La crise du coronavirus limite les déplacements des Palestiniens, en particulier autour de Bethléem, en raison de la quarantaine et du couvre-feu imposés par le gouvernement», explique Mahmoud Zawahreh. Et cela les colons l'ont compris. C'est pour cela, selon lui, qu'ils profitent de la situation pour passer à l'offensive afin de prendre le contrôle du territoire. Aujourd'hui, les Palestiniens sont coincés «entre le marteau de l'occupation et l'enclume du coronavirus ». Si les Palestiniens persistent à rester chez eux pour se protéger du virus ils risquent tout bonnement de perdre leurs terres. Comme toujours, l'Onu et le Conseil de sécurité ne lèvent pas le petit doigt.
Deux Palestiniens tués et une centaine de blessés en mars Deux Palestiniens ont été tués, 130 blessés et 250 autres arrêtés durant le mois de mars écoulé, indique le centre palestinien pour les études et la documentation Abdullah Horani. Le centre palestinien a cité, dans son rapport, la mort du jeune Mohammed Abdel al-Karim Hamayel (15 ans), tué par balles sur la montagne d'Al-Arma à l'est de la localité de Beita au sud de Naplouse en Cisjordanie. Le jeune, Sofian Al-Khawaja (32 ans) de la localité de Nilin à l'ouest de Ramallah, a été tué par les forces d'occupation et son corps détenu auprès de l'occupation, portant le nombre des corps des martyrs détenus à 59 depuis 2015. L'armée israélienne a en outre arrêté à environ 250 Palestiniens dont 54 enfants et six femmes en Cisjordanie, à al-Qods et dans la bande de Ghaza. Plus de 5000 Palestiniens sont emprisonnés dans les geôles israéliennes dans des conditions déplorables. Environ 130 Palestiniens ont été blessés par balles de soldats israéliens le mois dernier, suite à la répression des marches pacifiques organisées contre les politiques racistes de l'occupation, la saisie des terres, la démolition des maisons et la fermeture des régions et des routes.