Comédien retraité du Théâtre régional d'Oran (TRO), Missoum Saïd (67 ans) est de ceux qui s'emploient pour le renouveau du théâtre de la marionnette au sein, d'abord, des théâtres d'Etat. Metteur en scène du spectacle Qalaât ennour, texte de Belkaroui Abdelkader, présenté dernièrement au festival de Aïn Témouchent, Missoum revient dans cet entretien sur un art qui, dit-il, « se situe au bon endroit pour réinterroger le théâtre dit d'acteur ». Comment s'est faite votre rencontre avec les marionnettes ? C'était dans le cadre des ateliers de marionnettes du TRO, en 1987. J'ai commencé avec le spectacle Djeha et H'didouane, le cirque en marionnettes, que j'ai réadapté quelques années après sous le titre Bourtokal wa Laïmoune ». Ce fut ma première expérience dans le théâtre de marionnettes proprement dit. Déjà enfants, on s'amusait, dans mon quartier, à imiter les personnages de films westerns de l'époque au moyen d'objets hétéroclites : un bout de carton, une bougie, un morceau de tissu… Mine de rien, on échafaudait, à notre manière, des spectacles de marionnettes en ombres chinoises, histoire de faire durer le plaisir après chaque projection de film. Vous venez de participer au Festival du théâtre de la marionnette de Aïn Témouchent, quelle appréciation faites-vous de cette 4e édition ? Au-delà des aspects organisationnels, je considère que le plus important est de permettre, à travers ce genre de rencontres, aux troupes participantes de comparer leurs travaux et de dégager des pistes nouvelles de création. Cela est d'autant plus nécessaire que le théâtre de marionnettes remet en cause la notion de personnage, d'espace, de narration…. L'interprétation est vue à travers la marionnette. Celle-ci est un objet figé, c'est le marionnettiste qui va lui prêter son âme et lui donner la possibilité de s'exprimer. L'idéal serait, toutefois, d'arriver à croiser les différentes disciplines artistiques (arts plastiques, musique, danse, cirque et théâtre d'acteur) dans des projets à même d'intéresser un large public. L'évolution du théâtre de marionnettes est, à mon avis, tributaire de la capacité des créateurs à satisfaire un public, de plus en plus exigeant, et en quête d'authentiques actes artistiques et non pas de simples numéros de divertissement visant à satisfaire des besoins purement alimentaires. Les théâtres régionaux ont un rôle important dans le renouveau du théâtre de marionnettes… Des projets en perspective… Après Qalaât nour, El malik el hayrane et Kenz Louisa, ce dernier que j'ai monté avec Mouffok Djillali, je me consacre actuellement à la réalisation du spectacle Hokm el ghaba avec la complicité de Benziane Blaha et Hamouda, une production de la coopérative le Triangle ouvert. Ce sera un spectacle différent qui, je l'espère, réjouira le public de la marionnette, qu'il soit enfant ou adulte.