Comment se présente la santé financière de l'entreprise Amnal aujourd'hui ? Peut-on connaître votre chiffre d'affaires ? Amnal a réalisé un chiffre d'affaires de 2,1 milliards de DA. Mais le chiffre d'affaires ne veut rien dire en soi. Il est jugé à l'aune de la rentabilité qu'il génère. D'aucuns considèrent qu'Amnal détient le monopole du transport de fonds en Algérie. Vous êtes d'accord avec cela ? Amnal ne détient pas le monopole du transport de fonds. Nous avons une activité majoritaire dans ce créneau, c'est vrai. Mais on n'a aucun monopole. Peut-être que nous, on a progressé, et que la concurrence a stagné…Amnal a commencé par faire le transport de fonds à Alger. Ensuite on est partis à Oran, puis Tizi Ouzou, Constantine, et maintenant, on couvre pratiquement tout le nord du pays, de Tlemcen jusqu'à Annaba et l'ensemble des Hauts-Plateaux. Il manque le Grand Sud, mais nous sommes présents à Ouargla qui est la zone la plus sensible, la plus riche aussi. Nous sommes sur Ouragla, Ghardaïa, Hassi Messaoud jusqu'à Touggourt. Amnal emploie 5500 personnes réparties sur trois activités : l'activité gardiennage, l'activité transports de fonds et l'activité sécurité électronique. L'essentiel du personnel est concentré dans l'activité gardiennage. Aujourd'hui, Amnal représente 10% du marché du gardiennage. Nous sommes présents dans 936 agences bancaires. Comment évaluez-vous l'impact du terrorisme sur votre entreprise ? L'impact a été énorme, dans la mesure où il nous oblige à faire plus d'investissements. Il nous oblige à mettre plus de monde, plus de moyens. Nous avons subi six attentats à Tizi Ouzou, nous avons perdu quatre employés. La direction régionale de Tizi Ouzou a failli disparaître. Elle emploie quelque 350 personnes et il y a eu 150 emplois qui ont été supprimés à cause de cette situation. A l'heure actuelle, nous n'avons gardé que la structure administrative à Tizi Ouzou. Justement, Amnal a été priée de ne plus intervenir en Kabylie. Cette interdiction n'a pas été levée ? Actuellement, nous ne travaillons plus à Tizi Ouzou. L'arrêté (du ministère de l'Intérieur) nous interdit toujours de travailler dans la wilaya de Tizi Ouzou. Du reste, je n'ai jamais demandé à reprendre là-bas. Le terrorisme vous a obligés, disiez-vous, à investir davantage dans les moyens logistiques… Effectivement. Comme dit l'adage, « à quelque chose malheur est bon ». Le terrorisme nous a obligés à moderniser notre parc. Nous avions d'anciens véhicules, des 504 et des 405, qui étaient davantage faits pour la ville, et pour des périodes de paix, avec des blindages légers qui n'étaient pas conçus pour résister à des attaques lourdes. Aujourd'hui, le parc de l'entreprise est pratiquement neuf. Pour cela, nous avons investi 500 millions de DA. Nous avons acquis 32, ensuite 18 véhicules blindés. Nous avons également rénové 26 véhicules légers. Donc nous avons un parc assez important. C'est un investissement lourd, difficile à amortir. Chaque véhicule est une usine. Un mot sur votre politique de recrutement. Quel profil ciblez-vous en priorité ? D'abord, nous recrutons des gens qui sont jeunes, qui ont entre 25 et 35 ans, avec un minimum de niveau scolaire. Ensuite, il y a l'avantage des personnes issues des différents corps de sécurité. Vous savez, il y a beaucoup de gens qui étaient employés sous contrat avec les services de police, de la gendarmerie ou de l'armée. C'est une aubaine pour Amnal parce que c'est un personnel qui est déjà formé. D'aucuns estiment que le talon d'Achille de cette activité, c'est la formation. Qu'en pensez-vous ? C'est un anachronisme : il y a un secteur de la sécurité qui existe en Algérie, mais l'Etat n'a jamais pris le soin de créer des structures de formation pour ce secteur. Mais en ce qui nous concerne, nous avons formé notre personnel. Maintenant, nous nous attelons à former 20 instructeurs qui vont à leur tour former des personnels sur le site. Mais c'est un gros problème. Si le secteur veut se développer, il faut impérativement qu'il soit accompagné par des structures de formation professionnelle. C'est un appel que vous lancez au ministère de l'Intérieur ? Non, pas au ministère de l'Intérieur mais au ministère de la Formation professionnelle. Le métier de la sécurité est nouveau en Algérie, c'est un métier qui existe pratiquement depuis 1993 et il n'y a toujours pas de structures de formation pour l'accompagner. C'est aberrant. ss