Certains professionnels de la santé n'ont pas trop apprécié l'optimisme «prématuré» des pouvoirs publics quant «au pari gagné» contre l'épidémie de coronavirus. Même si la situation est, selon eux, plus ou moins maîtrisée, il reste, que le pays n'est pas sorti du «danger» et de ce fait le confinement sanitaire reste de mise et de rigueur. Beaucoup de médecins et d'experts ont dénoncé le non-respect du confinement et surtout l'impuissance des autorités à faire respecter le couvre feu. «Dès le début nous avons dénoncé le non-respect du confinement par la majorité de la population, notamment au niveau de Boufarik et de la capitale. Les pouvoirs doivent sévir via des amendes au lieu de compter sur le civisme des citoyens», suggère le docteur Mohamed Yousfi, chef du service infectiologie de l'hôpital de Boufarik. Il regrette qu'au niveau de la ville où il exerce, la population – pas toute – fait fi des mesures de confinement et de prévention, notamment en matière de distanciation. Dans certaines localités, les citoyens semblent inconscients des dangers et risques encourus à cause de cette pandémie, et ceci n'est pas fait, disent les spécialistes, pour améliorer la situation. Ce qui a exaspéré le Dr Yousfi et d'autres professionnels de la santé, ce sont les propos de certains membres de la commission de veille et de suivi de la propagation du coronavirus dirigée par le professeur Djamel Fourar et aussi des autorités. Pour eux, il ne faut pas s'aventurer à parler de maîtrise totale de l'épidémie, même si l'Algérie est en train «de tenir le coup» et de faire de son mieux pour éviter les scénarios européen et américain, où le nombre de décès dû à la pandémie de coronavirus demeure effrayant. «Nous avons cette chance d'avoir une épidémie qui ne nous a pas terrassés, comme c'est le cas dans d'autres pays, notamment européens. Nous avons pris nos précautions à temps. Il faut donc profiter de cette situation pour contenir cette épidémie avec un minimum de dégâts. Nous n'avons pas encore atteint le pic, il faut donc être prudents», avertit le Dr Yousfi, qui insiste sur le respect des mesures de confinement et de prévention. «Une fois la situation complètement stabilisée, nous pourrons parler du déconfinement et d'un pari gagné contre l'épidémie», répond le responsable du CHU de Boufarik à la question de savoir s'il faut maintenir le confinement, qui est une mesure très contraignante. L'ensemble des praticiens approuvent le maintien du couvre- feu et un durcissement des sanctions. Ils nous renvoient, à cet effet, à la polémique qui existe actuellement en Europe (France, Italie…) sur les différentes hypothèses concernant le confinement et le déconfinement. Pour preuve que l'Algérie est toujours dans la ligne rouge, le Dr Yousfi affirme que l'hôpital de Boufarik reçoit chaque jour au minimum 15 malades atteints de coronavirus, sans oublier, prévient-il, la possibilité de la deuxième vague, comme cela se passe actuellement à Singapour. «Si, aujourd'hui, nous ne respectons pas la première vague, que dire si nous serons touchés par une deuxième vague de la pandémie. Nous serons dépassés et la situation ne sera plus maîtrisée Nous ne sommes pas en train de faire peur, mais nous appelons à la prudence. Nous n'avons pas le droit au relâchement», avisent les spécialistes, qui estiment que les pouvoirs publics doivent veiller au respect du confinement, rappeler à l'ordre les contrevenants par des amendes et ne plus compter sur le «civisme» et le «bon vouloir» de la population. Par ailleurs, du côté des autorités, l'on parle de l'arrestation de plusieurs centaines de personnes pour «infraction à la décision de confinement total ou partiel». Ces personnes ont fait l'objet de PV transmis à la justice, avant leur remise en liberté, parallèlement à la mise à la fourrière de centaines de véhicules et de motos.