Pour sa huitième édition, le Festival de la chanson amazighe de Béjaïa a été délocalisé de l'enceinte de la maison de la culture où il se déroulait habituellement. L'ambiance de plein-air de l'été le suggérant, ce festival a préféré, pour cette année, déverser ses décibels dans l'enceinte du stade scolaire. Dans l'esprit et sur les tablettes, cet événement se veut d'envergure nationale. Des artistes venus de 15 wilayas sont à l'affiche, et pour coller un tant soit peu l'événement à la ville d'accueil, un hommage est rendu aux artistes de la cité. Cette édition est donc dédiée à El Hadj Ali Kherraz, ce rossignol qui de sa voix chaude avait interprété deux célèbres tubes, qu'ont fredonnés les « zazous » kabyles des années soixante, notamment Ya khali, ya khali et Ezzine el aâli. Le stade scolaire, ouvert aux quatre vents, a subi pour la circonstance une toilette inespérée. La scène, un plateau de 10 m bien agencée, fait face à la tribune du stade. Le public est aussi gratifié de superbes images, de l'orchestre et de la vedette sur l'écran géant qui jouxte la scène. Mirifique jeu de lumière et mégasonorisation dolby, synchronisation sur table de mixage de 24 pistes, éclairage balayant tout le pourtour. Techniquement, c'est bien paré. Pour ne pas couper la scène de la tribune du stade, mais plutôt de créer cette proximité avec le public qu'affectionnent les artistes et offrir du confort aux familles, le carré qui précède le plateau est couvert d'une bâche (qu'on astique avant chaque soirée). Une tribune amovible de 150 sièges et un parterre de quelque 500 chaises y sont installés. La sécurité est de mise. Des vigiles, des agents de sécurité de l'APC veillent au grain. « On ne peut pas avoir une ambiance de fête sans les familles », déclare Malek Bouchebbah, chef de plateau et membre du comité d'organisation. Il a raison ; pour prendre juste l'exemple de la deuxième journée, c'est près d'une centaine de familles qui font le déplacement. effectivement, cela a beaucoup bougé avec H'cinou Oued Ghir, qui a puisé dans l'ancien répertoire kabyle et la communion a été totale lorsque l'artiste a chanté Achejra l'yasmine. Les autres vedettes de la soirée, Tanina, Zahir Meznad, Bouraï Hacène, Achouri Mokhtar, Mohamed Hamdine, Saïd Youcef n'ont pas moins chauffé la scène. Le gala a commencé à 20h30 pour ne prendre fin que tardivement à 1h30. Ravi, le public, qui n'en demandait pas mieux, est resté jusqu'à l'extinction des feux. Ce sera ainsi jusqu'à demain. une palette de près de 50 vedettes nationales et du terroir ont animé le festival. Rabah Asma, Wissam, El Ghazi, « le vibrato » de la ville de Yema Gouraya, Abdelkader Bouhi, El Hasnaoui Amechtouh, Zedek Mouloud… tous les genres y passeront : Idhebalène, du chaâbi kabyle, de la chanson moderne, du targui. Côté orchestration, le t'bal, la gheïta, la guitare acoustique, la mandoline, le guembri, le karkabou seront de la partie. Voilà l'affiche pour les galas hors concours. Graines de stars La compétition, elle, a élu ses quartiers dans la salle de conférences de l'APC. Sur 143 artistes présélectionnés chantant en a capella, seuls 20 ont été retenus pour la finale, nous révèle Malek Bouchebbah, qui est également président du jury. Parmi ces graines de stars, la présence féminine fait son entrée cette année et le plus jeune candidat n'a que 16 ans. Trois genres sont représentés. Le folklore, le chaâbi et le moderne. Les 3 premiers de chaque style seront récompensés. Seront donc primés les meilleures voix, les meilleurs textes et les meilleures interprétations. Et tout porte à croire que le lauréat 2010 sera « matériellement accompagné » dans l'amorce de sa carrière professionnelle. En tout cas, une motivation manifeste est donnée par la programmation des gagnants lors de la soirée de clôture, alors que sont aussi programmés les lauréats de la sixième édition (2006). Il s'agit de Matahya Arezki reprenant principalement dans le répertoire de cheikh Zerrouk Allaoua et de Akachout Ryad qui chante du chaâbi kabyle.