«Généraliser la livraison à domicile est la meilleure solution»

El Hadj Tahar Boulenouar. Président de l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA)

– Avec l'approche du mois de Ramadhan, quelles sont vos propositions quant à l'organisation de l'activité commerciale ?
Nous avons été conviés cette semaine à une réunion avec le ministre du Commerce, des cadres de ce département ainsi que des membres de la société civile. Lors de cette réunion, nous avons discuté essentiellement de la disponibilité des produits, de la pérennité de l'approvisionnement et aussi des mesures à adopter pour éviter les attroupements de citoyens, à cause du risque de contamination.
En tant que commerçant, nous avons notifié nos adhérents afin qu'ils mettent en place un système permettant la distanciation sociale, notamment dans les grandes surfaces.
Ceci, sans compter le respect des mesures d'hygiène et de désinfection des lieux avant la réception des clients. Sinon, dans les marchés de proximité, c'est plus du ressort du consommateur, qui doit faire preuve de sagesse en regroupant ses achats pour ne se déplacer qu'une seule fois, et aussi respecter la distance de sécurité afin d'éviter la contamination. Les collectivités locales, essentiellement les APC, ont beaucoup à faire dans ce sens.
– Justement, quelles sont vos propositions à l'attention de ces responsables locaux ?
Les marchés de proximité sont leur propriété et c'est à eux de mettre en place un système de gestion. Une des mesures que nous proposons est d'organiser l'entrée et la sortie de ces lieux, afin d'assurer une meilleure fluidité dans ces espaces.
Nous proposons aussi de réduire le temps d'ouverture des marchés, d'imposer leur fermeture vers midi et de procéder à des désinfections et autres opérations de nettoyage au quotidien avant leur réouverture le lendemain. Malheureusement, les APC sont complètement absentes de cette politique nationale de protection et de lutte contre le coronavirus.
Concernant les attroupements dans les lieux commerciaux, nous avons proposé de mettre en place un système encourageant les ventes à distance et le paiement à la livraison. Pour nous, c'est l'unique solution qui pourra limiter les risques de contamination. Le client reste confiné chez lui tout en permettant au commerçant de travailler.
– Pour l'approvisionnement, y a-t-il réellement abondance des produits ?
Oui ! Je suis formel dans ce sens, et je tiens à rassurer nos concitoyens quant à l'abondance des produits agricoles et agroalimentaires. Le mois de Ramadhan arrive dans une période de l'année où nous commençons à récolter les premiers fruits et légumes de la saison estivale. Nous sortons de la période creuse et cela nous évite les pénuries et leurs répercussions en matière de hausse des prix.
En plus de cela, l'agriculture est dominante aujourd'hui dans les quatre régions du pays. Cela nous permet une abondance et une disponibilité des fruits et légumes. Pour les autres produits, le stock national – notamment en légumes secs, huile, café, sucre, les dérivés de pâtes, les conserves et les céréales – est largement suffisant pour les cinq, voire six prochains mois.
Même en viandes blanche et rouge, les éleveurs nous ont confirmé que le nombre de têtes nous permet une production suffisante pour ce mois et même au-delà. De plus, il n'y a aucune rupture dans la chaîne de distribution. Pour les prix, une légère augmentation n'est pas à écarter les premiers jours du mois sacré pour cause de hausse de la demande. Elle reviendra à la normale dès la 2e semaine.