Les responsables du Congrès mondial amazigh, CMA, sont scandalisés après l'interdiction par la police de leur séminaire sur le « Système international de défense et de promotion des droits humains », vendredi dernier, à Tizi Ouzou. Ils ont décidé de saisir les instances onusiennes sur « la violation des libertés individuelles en Algérie ». « Nous voulions organiser une activité soutenue par les Nations unies mais elle a été empêchée par la police. Notre objectif, à travers cette activité, est de diffuser des textes de l'ONU adoptés même par le gouvernement algérien. Nous avons saisi les instances onusiennes sur ces agissements contre le CMA. D'ailleurs, à chaque fois, on nous sort des lois qui n'existent pas. Nous avons adressé une lettre d'information au chef de la sûreté de wilaya, avec une liste des participants et une copie du programme. Nous avons agi conformément à loi. Nous avons informé les autorités de la tenue de ce séminaire », nous a déclaré Belkacem Lounès, président de cette organisation non gouvernementale, avant d'ajouter : « Il y a plusieurs organes de l'ONU que nous avons interpellés pour intervenir auprès du gouvernement algérien. Notre objectif, c'est d'organiser, à l'avenir, des activités de ce genre en Kabylie. » « L'intervention de la police était musclée. Il y avait une cinquantaine de policiers et dix véhicules pour embarquer une vingtaine de personnes au commissariat central. Le matériel pédagogique, les documents et même des textes onusiens ratifiés par l'Algérie nous ont été confisqués », nous a précisé un organisateur qui affirme que tous les conférenciers qui devaient intervenir sont des Algériens. « Il y a avait un Français dans la salle. Ce dernier était de passage, à titre amical, avec une participante. Il n'a rien à voir avec le séminaire », a-t-il ajouté. Le ressortissant français a été reconduit à l'aéroport pour son expulsion. Me Hannoun, avocat, qui devait donner une communication lors de ce séminaire, s'est dit surpris de l'empêchement de cette activité sur les droits de l'homme. « Empêcher un séminaire sur les droits de l'homme destinés aux cadres associatifs signifie que l'Etat a peur que les ONG forme la société. Le nouveau DGSN prône le respect des libertés démocratiques, mais sur le terrain, on voit le contraire, notamment après l'interdiction d'une activité sur les droits humains et l'interpellation des participants », a-t-il ajouté avant d'estimer qu'« il y a contradiction entre le discours politique, les textes algériens et les convention ratifiées et publiées. Les conventions de l'ONU sont supra-constitutionnelles. Les organisateurs ont fait une démarche pacifique, politique et de formation, à laquelle une réponse répressive a été réservée. C'est une preuve, encore une fois, que la démocratie est une façade. La procédure légale est respectée à moins que le pouvoir algérien considère tout ce qui touche aux droits de l'homme comme subversif », nous a-t-il précisé. M. Azem, vice-président du CMA, estime que « l'interdiction des activités du CMA découle des conséquences de l'Etat d'urgence ». Rappelons que la formation qu'a organisée le CMA, vendredi, à Tizi Ouzou, est soutenue par le Comité de coordination des peuples autochtones d'Afrique (IPACC).-