D'aucuns doutent de la capacité de la wilaya de Béjaïa à faire face à la pandémie du Covid-19. Les moyens dérisoires et la gestion décriée de ce secteur au niveau local ont été soulignés dans un rapport établi par l'APW de Béjaïa. Le constat des élus vient, de ce fait, corroborer le cri de détresse des professionnels de la santé qui ont affronté, désarmés, le flux des malades contaminés. Dans la salle des congrès de l'APW, on a tenu à ne pas négliger la forme lors de la session extraordinaire qui vient d'être organisée pour examiner le secteur de la santé et débattre de la situation sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 dans la wilaya : bavettes de protection et distance sociale ont été de rigueur. Les élus de l'APW, qui ont effectué des visites au niveau des établissements de santé à travers la wilaya, confirment la nature «dérisoire des moyens» dont disposent les professionnels de la santé. Le personnel médical continue de souffrir du manque d'hébergement pendant cette période. Alors que cette opération doit concerner le plus grand nombre de ces professionnels, l'administration parle de «liste à finaliser», induisant des lenteurs dans la prise en charge et qui ne sont pas sans conséquences négatives sur ce personnel qui vit avec la crainte de transmettre la maladie aux membres de leurs familles. Pourtant, ce ne sont pas les structures d'hébergement qui manquent, précise-t-on à l'APW, comme les hôtels, l'INSFP, les résidences universitaires, les auberges et la mise à contribution même des écoles coraniques. Le déficit en lits d'hôpitaux dont ceux de réanimation est inquiétant lorsqu'on sait que la maladie progresse à la faveur d'une baisse de vigilance remarquable, notamment en ce mois de carême. Le CHU Khellil Amrane, auquel est rattaché l'hôpital Frantz Fanon, dispose d'un total de 18 lits de réanimation. Sept autres lits sont ventilés sur les cinq EPH de la wilaya. Actuellement, seulement cinq sont utilisés sur un total de 25 lits. En gros, l'APW a recensé les besoins des praticiens en moyens matériels et équipements de protection qu'elle s'engage à prendre en charge en débloquant une nouvelle somme de près de cent millions de dinars qui vont s'ajouter aux 118 millions de dinars déjà alloués pour diverses acquisitions. Ajoutons à cela, cette décision de revoir les engagements financiers de l'année 2020 où le secteur de la santé et le volet social et hygiène des communes bénéficieront de dotations budgétaires supplémentaires. Le constat établi au niveau des EPH de Souk El Tenine, du centre psychiatrique de Oued Ghir et de l'EPH de Tazmalt, non réceptionnés encore, annule les effets d'annonce de l'administration qui a tablé, dans un communiqué, sur l'ouverture imminente de ces structures. Dans le contexte de la pandémie, l'option de l'utilisation de ces infrastructures comme espaces d'isolement des cas positifs au Convid-19 est difficile à mettre en œuvre vue le volume des travaux qui restent à réaliser. La mise en service de l'EPH de Souk El Tenine est otage d'un «litige entre la direction des travaux publics et la Sonelgaz, que le wali doit arbitrer, pour l'alimentation de cette structure en énergie électrique et gaz [qui] a provoqué un retard d'une année et demi». Bien qu'un raccordement provisoire soit effectué, les travaux des VRD et le raccordement au réseau de gaz naturel et les équipements ne sont même pas entamés. La même situation est observée au niveau de l'hôpital psychiatrique de Oued Ghir où le raccordement au réseau électrique, et à ceux de l'assainissement et de l'eau potable sont à la traîne. «La situation nous impose de nous éloigner de toute gestion bureaucratique, populiste, centralisé et sécuritaire», suggèrent les élus qui appellent à la libération des initiatives allant dans le sens de la lutte contre le Covid-19, et de les appuyer sur le plan administratif. Car, concluent-ils, «la situation exige de nous des efforts permanents, une discipline générale sans faille, une organisation efficace et l'implication de tous ceux et toutes celles qui peuvent contribuer à réunir les moyens matériels et humains pour accroitre nos capacités de lutte contre cette maladie infectieuse».