La pression sur les structures de santé dans la wilaya de Béjaïa continue de se faire ressentir. Il suffit de constater tout le mal que trouvent les responsables pour prendre en charge les malades, autres que ceux atteints du Covid-19, comme les personnes mises sous dialyse, celles atteintes des cancers et les malades nécessitant des opérations chirurgicales. L'EPH d'Akbou, par exemple, par manque de place, a dû transférer le 6 avril dernier un cas atteint par le nouveau coronavirus vers le CHU de Béjaïa. Le CHU, qui ploie d'ordinaire sous la pression des usagers, a été forcé de prendre des mesures dans le but de limiter la contamination et libérer de la place. Ainsi, les interventions chirurgicales non urgentes ont été déprogrammées depuis le 22 mars dernier, à l'exception des opérations à caractère urgent dont «l'annulation entraînerait une perte de chance pour le patient». Quelques jours plus tard, le bureau de l'information, de la communication et d'audiovisuel du CHU a annoncé «le transfert momentané du service de chirurgie générale vers l'unité hospitalo-universitaire de Targa Ouzemour dans le cadre du dispositif de lutte contre le Covid-19». Les élus RCD de l'APW constate, amèrement, qu'«au chef-lieu, l'hôpital Frantz Fanon a vu 8 de ses services fermés pour les transformer exclusivement en pavillon Covid-19, laissant sur le bas côté de la route des centaines de patients hémodialysés qui se font balloter d'une clinique privée à une autre». Ils ajoutent que du côté de l'hôpital d'Amizour «des patients atteints de cancer ont vu leurs séances de chimiothérapie purement et simplement reportées à on ne sait quelle date». Selon des statistiques récentes, la wilaya de Béjaïa dispose d'un CHU et 6 structures hospitalières qui totalisent, théoriquement, 1533 lits, soit un lit pour 610 habitants. Mais sur ces 1533 lits, le secteur public dispose uniquement d'une vingtaine de lits de réanimation, selon nos sources. Le secteur sanitaire de Béjaïa devait aussi être renforcé par de nouvelles structures qui accusent un retard flagrant dans leur réalisation. Alors que le projet du nouveau CHU est enterré, d'autres projets avancent à pas de tortue et d'autres encore attendent leurs équipements depuis des mois. Ainsi, l'exploitation des hôpitaux non encore réceptionnés pourrait être envisagée pour les transformer en lieu d'isolement et de mise en quarantaine des personnes atteintes de Covid-19, mais cela dépendra de l'évolution de la situation sanitaire. Il s'agit de l'hôpital psychiatrique d'Oued Ghir et de l'EPH de Souk El Tenine qui sont proposés par les citoyens et les élus locaux. Pour ces derniers, il est dans la capacité de la DSP de faire appel à des spécialistes pour l'installation en un temps très court des réseaux d'oxygène et des équipements nécessaires. Pour rappel, l'hôpital psychiatrique d'Oued-Ghir, de capacité de 120 lits, est achevé à 100%, mais n'a pas été encore mis en service. Sa réception devait intervenir en 2018. Réalisé à 95%, l'EPH de Souk El Tenine est également en mesure de servir de lieu d'isolement. L'hôpital de 60 lits de Tazmalt est une autre structure qui aurait pu être mise en service si ce n'est la lenteur des travaux de sa réalisation.