Après le marché du pétrole, le marché du blé connaît quelques tensions liées à la pandémie de Covid-19 et des perturbations en matière d'approvisionnement et de prix sont à prévoir pour les prochaines semaines. Justifiant de la nécessité de protection de son marché intérieur, la Russie a décidé d'un embargo sur ses exportations de céréales (blé- seigle, orge, maïs) jusqu'au 1er juillet. Moscou avait, avant cette décision, limité en avril dernier le seuil de ses exportations à 7 millions de tonnes jusqu'à juin. Une quantité qui a déjà été écoulée du fait de la ruée des acheteurs inquiets pour la disponibilité de cette denrée alimentaire. La décision russe perturbera à coup sûr les données sur le marché mondial des céréales en provoquant une rupture dans la chaîne d'approvisionnement mondiale en céréales et une hausse des prix. Les institutions internationales, comme la FAO et l'OMC, ont critiqué la décision russe qui risque de provoquer des pénuries alimentaires. Contrairement au pétrole, la demande mondiale sur les céréales, surtout le blé, ne cesse d'accroître. Le prix de la tonne avoisine les 200 dollars et risque d'augmenter. L'absence du blé russe sur le marché fera grimper la demande sur d'autres fournisseurs ainsi que les prix de la tonne de blé. Des pays exportateurs de pétrole fortement affectés par la baisse des cours de l'or noir, comme l'Algérie, et qui sont dépendants de l'importation du blé tendre, notamment en provenance d'Europe, surtout de France, risquent de faire face à une hausse des prix de la tonne de blé, ce qui affectera davantage leur budget d'importation. La Russie n'est pas la seule à avoir décidé de mesures de restriction, d'autres pays ont opté pour le protectionnisme, au moment où des pays acheteurs tentent de faire le plein d'approvisionnement en matière de céréales, tant que cela restera possible de le faire. «Les acheteurs veulent s'approvisionner parce qu'ils se rendent compte qu'ils n'auront peut-être pas la chance de le faire plus tard», explique, à Bloomberg, Andrey Sizov, directeur général du consultant SovEcon à Moscou. Le blé russe attire des acheteurs pour ses prix compétitifs, et c'est la deuxième fois en dix ans que la Russie a pris cette décision de bloquer complètement ses exportations. La dernière fois remonte à l'année 2010 et c'était à la suite de la sécheresse qui avait détruit les récoltes. Une mesure qui n'avait pas tardé à faire grimper les prix. La sécheresse est aussi à craindre pour les récoltes russes de cette année, puisque les prévisions météo annoncent un été très chaud, notamment pour le sud de la Russie. Les marchés européen et américain profiteront certainement de cette nouvelle mesure russe pour attirer de nouveaux acheteurs et vendre à des prix alléchants. Les stocks américains sont parmi les plus importants et seront certainement écoulés à volonté sur le marché, alors que le marché européen prévoit des perspectives prometteuses pour les ventes futures. Les agriculteurs européens se réjouissent de cette semaine pluvieuse pour améliorer les récoltes après un début de printemps sec. Les semaines à venir seront décisives pour savoir quelle direction prendra le marché mondial du blé, surtout après le déconfinement et les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19.