La récolte record de céréales enregistrée cette année par la Russie, l'un des premiers producteurs mondiaux, est de nature à porter les exportations à 45 millions de tonnes sur l'année, a indiqué vendredi un responsable du ministère de l'Agriculture. "117 millions de tonnes de céréales ont été récoltées cette année, cela constitue un potentiel d'exportations au niveau de 45 millions de tonnes", a déclaré Piotr Tchekmarev, responsable du département des cultures végétales du ministère de l'Agriculture, cité par les agences russes. "Notre prévision est de 35-40 millions de tonnes mais en principe, on peut exporter jusqu'à 45 millions de tonnes" sur la campagne agricole entre juillet 2016 et juin 2017, a-t-il ajouté. La récolte avait atteint 104,8 millions de tonnes l'an dernier, un résultat déjà élevé qui avait permis à la Russie d'enregistrer un record d'exportations à 33,9 millions de tonnes sur la campagne 2015-2016 et de dépasser les ?tats-Unis comme premier fournisseur de blé de la planète (24,6 millions de tonnes). Le record historique de production enregistrée par le pays, aux fertiles "terres noires" proches de la mer Noire, remonte à 1978 à 127 millions de tonnes, avec des surfaces cultivées bien plus vastes qu'actuellement. Depuis la chute de l'URSS en 1991, le maximum était de 108 millions de tonnes, en 2008. Veut conforter son rang de N°1 sur le marché du blé Forte d'une moisson record, la Russie a assuré vendredi qu'elle comptait bien augmenter ses exportations de céréales cette année et renforcer ainsi son rang de premier fournisseur mondial de blé, qu'elle vient de ravir à son grand rival, les Etats-Unis. Plusieurs étés fastes ont permis à la Russie d'enregistrer, lors de la dernière campagne agricole (juillet 2015-juin 2016), un niveau inédit d'exportations de céréales, à 33,9 millions de tonnes. Au passage, le pays aux fertiles "terres noires" proches de la mer Noire est devenu premier exportateur mondial de blé (24,6 millions de tonnes), une victoire très symbolique au moment où Moscou et Washington traversent des tensions au parfum de nouvelle guerre froide à cause des crises syrienne et ukrainienne. A l'inverse de la moisson calamiteuse obtenue en France, les résultats de cette année pour la Russie ont donné le sourire aux responsables du gouvernement et du secteur réunis vendredi à Sotchi (sud) pour une conférence céréalière. La production est désormais estimée à 117 millions de tonnes au total, dont 72 millions de tonnes de blé, du jamais vu depuis la période soviétique pendant laquelle les surfaces cultivées étaient bien plus vastes. Si la prévision officielle d'exportations toutes céréales confondues est de 35 à 40 millions de tonnes pour la campagne 2016-2017, la moisson de cette année "constitue un potentiel d'exportations au niveau de 45 millions de tonnes", a estimé vendredi Piotr Tchekmarev, responsable du département des cultures végétales du ministère de l'Agriculture. Sans juger ces chiffres spectaculaires "aberrants", un analyste français y voit "une volonté d'un effet d'annonce": "N'oublions pas qu'ils sont sous sanction et donc qu'ils ont besoin de montrer qu'ils sont indispensables à l'économie mondiale". Objectif 130 millions de tonnes Les experts s'accordent sur un constat: la Russie a toutes les chances de conserver lors de la campagne en cours sa première place pour le blé, qu'elle vend surtout au Moyen-Orient et à l'Afrique du Nord, comme à l'Egypte et au Maroc où elle profite cette année de la faiblesse de la production française. Le département américain de l'Agriculture, référence du secteur, estime les exportations de blé russe à 30 millions de tonnes contre 26,5 millions pour les Etats-Unis, devant l'Union européenne (25 Mt), le Canada (21,5 Mt), l'Australie (20,5 Mt). Selon le ministre de l'Agriculture Alexandre Tkatchev, la part de la Russie dans les échanges mondiaux de céréales est passée en dix ans de 1% à 10% actuellement. Les autorités russes mettent d'autant plus en avant ce succès que l'agriculture reste l'un de seuls secteurs en croissance en Russie, dont l'économie vient de traverser deux années de récession à cause de l'effondrement des prix du pétrole et des sanctions dues à la crise ukrainienne. Les mesures punitives imposées par les Occidentaux contre son économie ont par ailleurs conduit le gouvernement à placer au rang de priorité le développement de la production locale, notamment agricole, au détriment des importations. A Sotchi vendredi, le Premier ministre Dmitri Medvedev a promis de poursuivre "toujours" le soutien au secteur agricole et a fixé un objectif: "Porter la production de céréales à 130 millions de tonnes dans les 10-15 prochaines années. C'est un objectif réalisable vu ce qui a été fait dans le passé". Il a rappelé qu'après l'abandon des terres dans les années post-soviétiques, les agriculteurs remettaient désormais en culture d'importantes surfaces et que 12 millions d'hectares pouvaient encore être mis à contribution, dans un contexte mondial de recul des surfaces cultivées. Selon Andreï Sizov, directeur de la société de conseil SovEcon, la production russe peut encore augmenter après avoir été dopée ces dernières années par la libéralisation du secteur agricole russe, l'envolée des prix pendant les années 2000 et une météo favorable. "Mais si le gouvernement se mêle du marché comme il l'a fait ces dernières années, je ne pense pas que nous voyions une quelconque croissance", explique-t-il, citant notamment les taxes douanières imposées début 2015 à cause de la chute du rouble. Début septembre, cette taxe a finalement été suspendue pour deux ans après avoir été très critiquée par les céréaliers, déjà confrontés à des prix très faibles sur le marché. Ahmad L.