Généralement, le mois d'août est synonyme de vacances, de repos et de détente. Des vacances bien méritées après une année de travail, y compris pour ceux qui chôment toute l'année et qui ont bien besoin de repos. Quand on a de l'argent, on passe ses vacances au bord de la mer ; quand on n'en a pas, on fait autre chose, ou rien, ce qui est le sens même des vacances. Pour l'Algérien, c'est toujours plus compliqué. Le dinar ne vaut pas grand-chose, même en Ouzbékistan, Air Algérie pratique des prix pour milliardaires et le Ramadhan arrive à pas de dauphin. Pour une raison étrange, la plage s'arrête à ce moment-là. On ne va pas à la plage pendant le Ramadhan, même en août, même s'il fait 45°, même s'il y a 1400 km de côte. Au-delà des considérations de nudité, qui sont suspectées de nous éloigner de Dieu pendant ce mois sacré où tous les commerçants pillent les consommateurs, les gens ont peur d'avaler de l'eau. Ce qui explique qu'ils ne vont pas à la plage. La question est d'ordre mystique, même si aucun uléma ne l'a posée publiquement : Dieu serait-il à ce point si dur qu'il condamnerait quelqu'un, au mois d'août, parce qu'il a par accident avalé de l'eau ? Dieu est dur, mais à l'image de ceux qui l'imaginent dur. Quand on est dur dans la vie, on imagine un Dieu encore plus dur. Mais Dieu n'est pas un Bouteflika et toute l'hérésie du néo-islamisme consiste à donner à Dieu l'image d'un homme. Dur, sévère, vengeur, autant d'attributs humains qu'un Dieu ne peut avoir puisqu'il est par nature, voire par supranature, bien au-dessus. Il faut entrer dans le domaine psychiatrique ; être dur est normalement un défaut, sauf pour les Algériens chez qui c'est une qualité. Non, répondent les docteurs de la foi. Dieu nous éprouve. Mais pourquoi ? Dieu a créé la plage et le soleil. L'homme a créé le maillot de bain et le parasol. Il devrait y avoir une bonne entente entre les deux. Et puisque tout le monde a le droit de faire des fetwas, en voici une : faire le Ramadhan un jour par semaine, pendant 30 semaines, soit 7 ou 8 mois. Et aller à la plage 6 jours sur 7. Une autre ? S'aligner sur Saturne, dont le lever n'est pas visible, même de Oued Souf.