Quand certains programment leurs vacances longtemps à l?avance et prennent leurs dispositions pour passer des séjours de détente réparateurs, d?autres en revanche, et ils sont nombreux, ne voient dans cette période de congé qu?un arrêt de travail leur permettant de ne pas pointer au bureau, rester dans le quartier ou même se trouver un travail pour arrondir les fins de mois. Prendre son congé, après une année de labeur, n?a pas la même connotation pour tout le monde. Il y a, en effet, ceux qui prennent plaisir à s?évader à la recherche de rayons de soleil sur de scintillants grains de sable au bord de la mer, ceux qui aiment cocher le calendrier en pique-niquant au piémont d?une montagne entourée d'une belle verdure et ceux qui regrettent d?avoir pris un congé parce qu?une fois achevée la période de 30 jours, ils se rendent tout de suite à l?évidence qu?ils n?en ont rien fait. Ni plage, ni montagne, ni cure thermale, ni rien de réjouissant. Malheureusement, une grande partie d?Algériens, dont on dit, à tort ou à raison, qu?ils n?ont pas la culture des vacances, font partie de ce lot de damnés qui «sacrifient» leur congé en se drapant de vêtements fort gênants de «hittiste», durant toute la période du «repos», en avançant, il est vrai, le convaincant argument du salaire pas assez conséquent pour espérer faire des économies en vue de véritables vacances. «Avec quoi, peut-on espérer des vacances ?» La question est implacable. La réponse est la même : un pouvoir d?achat en éternelle érosion. Cela dénote toute la frustration de ceux qui regardent les autres partir et revenir le teint bronzé et la mine reposée tandis qu'eux étaient restés à regarder les jours défiler, semblables et ennuyeux. Il existe aussi cette frange de personnes qui, trop prises par l?étourdissante spirale des affaires, se voient incapables d?ôter les chaînons de leur carapace pour espérer changer d?air et essayer de prendre un bol d?oxygène pourtant fort recommandé après des mois et des mois de pression et de stress. Il y a ceux encore qui, toujours faute d?argent, n?acceptent pas le fait de rester, trente jours durant, inactifs. Pour cette catégorie de personnes, le congé n?est pas synonyme de vacances, mais plutôt d?une rallonge de temps «béni» qui permet d?exercer une autre activité et assurer au moins un bon pactole pour les fournitures scolaires dont auront besoin les enfants dès septembre ou suer des heures et des heures afin d?avoir assez d?argent pour rembourser une dette contractée depuis des années auprès d?un particulier. Régler des affaires personnelles, des affaires familiales ou alors préparer le mariage d?un proche ou d?un ami contraignent aussi un bon nombre de salariés à ne disposer que d?une semaine, tout au plus, pour aller à la plage, car les trois autres semaines sont exclusivement réservées aux «autres», entraide oblige.