Menée tambour battant pour dissuader les fabricants à ne plus « pondre » le sachet noir, l'opération sensibilisation censée éradiquer cet emballage non biodégradable, ne semble pas avoir porté ses fruits. Elle ne suscite pas tout à fait l'adhésion des petites fabriques qui avaient bénéficié, pourtant, lors de la campagne pédagogique en 2005, d'une prorogation leur permettant de recycler leur produit selon les normes internationales admises. A croire que « l'habitude est une grande sourdine », disait Samuel Beckett, tant il n'est pas aisé de se défaire de ce produit indissociable de notre quotidien. Des manufacturiers, bien tapis dans l'ombre, s'obstinent dans leur impénitence à écouler ce produit nocif et lésinent sur les moyens à mettre en œuvre quant à une mise à niveau universelle. Les sachets noirs, bousculant le fameux couffin panier artisanal écolo en natte de jonc et le filet à provisions — une vannerie qui n'a plus pignon sur rue —, continuent à surfer allégrement dans les airs, au gré des vents, tel un ballet de passereaux traversant notre ciel. Agrippées aux clôtures de nos cités, jonchant champs maraîchers, vergers et prairies, ces grosses bulles noires décorent tristement nos tissus urbain et suburbain. Il n'est pas moins vrai, aussi, que ce sachet opaque, bien introduit aussi dans le circuit informel, est toujours en odeur de sainteté pour ceux qui s'en servent comme leur « chkara » de liasses... D'autres fabricants jouent sur la palette chromatique, mais rien n'indique que les effets toxiques sont écartés. On change la couleur du sachet, mais l'utilisateur ignore si l'emballage est fabriqué à partir des polymères respectueux de l'environnement, garantissant un haut niveau de biodégradabilité. Rouge, rose, vert, blanc, bleu ciel ou mauve, la couleur est certes moins repoussante, mais le matériau répond-il à des propriétés moins nocives ? Cela n'empêche pas les échoppes de vous refiler le sachet bas de gamme, et peu importe si l'emballage n'obéit pas aux conditions qui protègent le consommateur et celles répondant à la règle écologique. Même certains pharmaciens n'hésitent pas à utiliser ce packaging issu de la chimie de synthèse. Dernièrement, en suivant une émission sur un des villages au Mali, envahis par le sac plastique qui asphyxie les sols, la solution n'a pas tardé à poindre grâce au sens de la débrouille d'une manufacture qui, après avoir collecté ce rejet, le valorise. L'entreprise subsaharienne l'utilise comme liant pour la fabrication de matériaux de construction. Voilà une des pistes pour notre département de l'environnement interpellé à se secouer et rappeler à l'ordre les invétérés.