Dimanche prochain, c'est-à-dire dans une semaine, tous les créanciers (éleveurs) du Complexe laitier d'Oran (CLO) vont être réglés. C'est la promesse solennelle faite par le nouveau DG de cette filiale du groupe étatique Giplait, lors d'une rencontre organisée hier par la DSA et qui a concerné tous les intervenants dans la chaîne de commercialisation du lait. Les dettes s'élèvent à 4 millions de DA en faveur de plus d'une dizaine d'éleveurs. Cependant, cette somme n'est pas importante autant que l'est l'engagement pris pour une reprise de confiance rompue avec la débâcle de cette célèbre société qui a fait les beaux jours de l'industrie agroalimentaire de la wilaya. Des problèmes d'entreprise purement économiques ont fait que sa production a déjà chuté pour atteindre un seuil de 3 000 litres/jour, à une époque où les deux nouvelles unités de production privées agréées par l'Etat n'étaient pas encore entrées en activité. Le FNRDA (Fonds d'aide à l'agriculture) a déjà admis en tout 5 dossiers (un à Es Sénia et un autre à Aïn Beïda notamment) et dont les projets vont incessamment être concrétisés. En terme de consommation, la demande journalière a été évaluée pour Oran à 240 000 l. Les trois unités en activité en ce moment produisent un total cumulé qui ne dépasse pas130 000 l/j. Dans son intervention, le directeur du secteur a mis l'accent sur la volonté du gouvernement à réduire la facture d'importation du lait (matière première) qui coûte à la collectivité nationale environ 600 millions de DA par an. Pour cela, la promotion de l'élevage a été l'une des étapes primordiales qu'il fallait mettre en avant. En 2004, 36 900 vaches laitières ont été importées, contre seulement 9 700 en 2003. Durant la même année 2004, près de 11 000 vaches laitières ont transité par le port d'Oran. Oran ne dispose que de 4 150 vaches laitières Cependant, Oran ne dispose en tout et pour tout que de 4 150 vaches laitières, pour 7 200 têtes élevées par 244 opérateurs. Une bonne partie de la production laitière estimée globalement à 13 millions de litres par an échappe entièrement au circuit de la production conventionnelle, car cette quantité (11 millions de l/an) est écoulée directement sur le marché. Les responsables du secteur veulent faire en sorte que plus de la moitié de la production puisse passer par les unités de transformation. Ils encouragent ainsi la reprise d'un dialogue franc avec la CLO qui s'engage désormais à payer ses fournisseurs chaque fin de mois, mais aussi avec les autres intervenants privés qui contribuent déjà à participer à l'augmentation de l'offre de lait sur le marché local (les 2 unités écoulent 100 000 l/j). A terme, on vise une intégration à 100% de matière première collectée localement. A ce propos, un opérateur privé a tiré la sonnette d'alarme sur le risque de voir l'Algérie devenir un dépôt pour les excédents en lait en poudre, pas toujours de bonne qualité, des ex-pays de l'Est. Les conditions de transport de cette matière de première nécessité ont été également l'un des thèmes développés. Il y a à peine une année, 8 unités de transport et collecte de lait ont été subventionnées par l'Etat et commencent à activer graduellement. Le FNRDA a accordé une subvention de 50% et un crédit de la même valeur. Mesure encourageante, les éleveurs n'ont pas à payer cette prestation car l'activité elle-même se trouve subventionnée à hauteur de 4 DA par litre de lait transporté. Les premiers bénéficient d'ailleurs d'une aide de 7 DA par litre produit contre 2 DA par litre transformé, au profit des unités de production. Là aussi, il s'agit d'inciter les producteurs à favoriser les moyens de transport répondant aux normes d'hygiène. « Le transport dans les jerrycans doit être banni », espère le DSA. Le coût d'une vache laitière varie entre 150 000 et 200 000 DA. Un des éleveurs intervenants a acquis la sienne à 220 000 DA. « C'est une preuve, se rassure-t-on, que la volonté de revaloriser ce métier est plus persistante que jamais. » Il reste néanmoins à régler les détails d'ordre organisationnel posés autant par les éleveurs que par les responsables des instances concernés. C'est le cas des cartes d'identification délivrées par la Chambre de l'agriculture qui doivent être renouvelées, et de l'accès au payement des subventions par la CRMA (Caisse de mutualité agricole). Cette rencontre représente un coup d'envoi conforme à la volonté du ministère de l'Agriculture qui veut faire de l'année 2005 celle du lait.