Tandis que les marchés locaux se plient aux règles de la spéculation, les produits boursiers, dont l'Algérie est importatrice, ont accentué leur progression cette semaine sur les marchés internationaux, préservant intacts les risques de tensions inflationnistes pour les mois à venir. Effectivement, les cours des matières premières alimentaires ont connu une tendance à la hausse, soutenus par des tensions sur l'approvisionnement et un regain d'intérêt des investisseurs spéculatifs. Le café, à titre d'exemple, a atteint des sommets records jamais égalés depuis une douzaine d'années. A la Bourse new-yorkaise, la livre de café a atteint 178,75 cents, un niveau jamais atteint depuis février 1998. Sur le marché londonien, la tonne de café a atteint 1810 dollars, son niveau le plus fort depuis fin octobre 2008. La persistance de la hausse des cours du café sur les marchés internationaux risque de provoquer, en Algérie, le resurgissement du phénomène dit de « l'inflation importée ». Le second risque de cet accroissement est celui de voir la facture alimentaire s'alourdir à nouveau. L'autre produit de base qui connaît une tendance à la hausse sur les marchés internationaux est le sucre. Ses prix ont eux aussi soutenu leurs gains, cette semaine, sous l'effet direct des inquiétudes sur la production du Brésil, le premier exportateur mondial. Sur le marché new-yorkais, les cours du sucre ont atteint leur plus haut niveau depuis mars dernier. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre valait 580 livres, alors que sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en octobre valait 19,40 cents contre 18,30 cents pour la même échéance une semaine plus tôt. Sur le marché algérien, les derniers chiffres émis par l'organisme en charge de l'information statistique au niveau des douanes algériennes font état d'une hausse de 20,07% de la valeur des importations des sucres et sucreries. L'Algérie a importé pour 323 millions de dollars au premier semestre 2010, contre 269 millions durant la même période de l'année écoulée. En outre, les prix du sucre et des produits sucrés ont connu une forte hausse en glissement annuel juin 2010-juin 2009. L'augmentation a été de 42,27%, contribuant ainsi à l'inflation qui a atteint 5,4% en glissement annuel, selon l'Office national des statistiques (ONS). Etant un des premiers importateurs mondiaux de blé, l'Algérie risque de subir à nouveau les tensions qui caractérisent les marchés mondiaux de céréales. Les prix du blé ont bondi de 38% en juillet sur les marchés financiers, remontant à leur plus haut niveau depuis plus d'un an. A l'origine de cette envolée des prix figure la canicule qui ravage les cultures en Europe de l'Est, notamment en Russie. La flambée des cours du mois écoulé est une première depuis 1973. Le boisseau de blé (environ 25 kg) pour livraison en septembre est passé en un mois d'environ 4,80 dollars à 6,6150 dollars à la clôture, vendredi dernier, sur le Chicago Mercantile Exchange. Il s'agit de son plus fort niveau depuis juin 2009. Il est vrai que l'Algérie a considérablement amélioré sa production de céréales, mais le pays devrait demeurer à court terme un importateur net de céréales. Malgré une légère baisse de la demande algérienne pour les céréales provenant de l'étranger, le volume de ses achats s'est établi à 1,94 million de tonnes de blé au cours des quatre mois premiers de l'année 2010. Et, à la fin juin, l'Algérie a acheté 400 000 tonnes de blé de mouture au prix de 194,50 dollars la tonne, soit une facture totale de 77,8 millions de dollars.