Cojaal, le consortium pour la réalisation des 399 km du lot est de l'autoroute entre Bordj Bou Arréridj et la frontière tunisienne est constitué de 6 entreprises japonaises emmenées par la plus importante d'entre elles : Kajima. Le Camp 7 de Cojaal basé à Kbouda, dans la wilaya d'El Tarf, tourne au ralenti pour ne pas dire pas du tout. Chacune des 6 entreprises du consortium a un groupe qui active au camp 7 entre Aïn Sayad (Guelma) et le lieudit Beni Mazine sur la frontière à l'ouest de Raml-Souk. Les groupes sont à l'arrêt à l'exception du 4, chargé des terrassements entre Aïn El Assel et la frontière. Il entretient une activité avec le minimum de moyens pour donner l'illusion que les chantiers ne sont pas abandonnés. « Ce sont les instructions qui viennent d'être rappelées encore il y a moins de 48 heures », nous explique-t-on laconiquement. On a aussi gardé le tiers des personnels seulement. Les Philippins et les Thaïlandais ont été rapatriés sans distinction de grade ou de fonction et les Algériens sont passés de 200 employés à 70. Le long de la route qui mène d'El Frin à Raml Souk, entre deux ouvrages gardés par des rescapés, on peut voir les camions et les engins remisés dans le parc. Des ouvriers nous apprendront qu'il n'y a en plus qu'une dizaine qui travaillent sur les 25 du groupe 4 : « On ne travaille plus que 8h par jour comme tout le monde. On ne fait plus les 3 fois 8 avec les heures supplémentaires. Il paraît qu'ils vont encore dégraisser nos effectifs. » Les autres groupes, le 1 à Aïn Sayad, le 2 à Dréan, le 3 entre le Lac de Oiseaux et Tarf sont inactifs. Le 6 a une bonne excuse, il n'est chargé que de l'enrobé, il n'intervient qu'en dernier. Problème de trésorerie Lorsqu'on a constaté, il y a quelques mois, le ralentissement des travaux, Cojaal et l'Agence nationale des autoroutes (ANA) avait catégoriquement nié ce fait. Il a été mis sur le compte des intempéries mais on a laissé supputer que c'était pour renforcer des équipes à Constantine aux prises avec un relief défavorable. Les débrayages observés ça et là pour dénoncer les dégraissements d'effectifs ont été vite étouffés. En fait, Cojaal a de très sérieux problèmes de trésorerie. Son leader, Kajima, aurait même abandonné la partie pour s'occuper d'un barrage dans l'ouest du pays. Le tronçon de l'Est, confié à Cojaal, devait être livré en janvier 2010. Seul le segment Bordj Bou Arréridj - Constantine, 200 km, est utilisable. Pour éviter les pénalités de retard qui risquent d'alourdir son déficit, Cojaal vient de bénéficier d'une rallonge de délais de 18 mois, jusqu'à juillet 2011. Selon des sources dignes de foi, les parties algériennes, plus précautionneuses depuis l'éclatement des scandales liés à la construction de l'autoroute, refusent d'avaliser des attachements relatifs à certains travaux que les Japonais ont réalisés sur des instructions « venus des autorités algériennes » et qu'ils ne peuvent justifier pour l'instant. Rappelons que l'autoroute Est-ouest aboutit à la frontière tunisienne en pleine nature et que nos voisins ne prévoient pas de jonction avant 2020. Plus pragmatiques que les décideurs algériens, les Tunisiens ont déclaré que « la priorité en Tunisie est aux axes routiers nord-sud », axes qui favorisent le tourisme et les activités commerciales et industrielles de ce pays. Pour pallier à cet inconvénient de taille, Amar Ghoul a confié à une entreprise nationale la réalisation d'une double voie de 16 km qui partira de ce point perdu dans la nature vers le poste frontalier le plus proche, celui d'El Aïoun. Les travaux ont débuté en trombe.