Les deux camps poursuivent en parallèle leurs discussions autour d'un échange de prisonniers, jusqu'à 5000 talibans contre 1000 membres des forces afghanes, inclus dans l'accord américano-taliban signé fin février à Doha, mais non ratifié par Kaboul. Au moins 14 membres des forces afghanes ont été tués hier dans l'est du pays, selon des médias, citant le gouvernement. Il s'agit de la première attaque revendiquée par les insurgés talibans depuis qu'ils ont décrété un cessez-le-feu expirant mardi soir, dont ils n'ont pas précisé s'il était prolongé. «La nuit dernière, les moudjahidine ont mené des attaques contre des avant-postes de l'ennemi récemment établis (…) dans la province de Paktia», qui ont été «détruits», a tweeté leur porte-parole Zabihullah Mudjahid, ajoutant que quatorze soldats afghans avaient été tués et un capturé. «L'ennemi a récemment essayé de s'étendre dans les territoires des moudjahidine», a-t-il justifié dans ce texte. Le ministère de la Défense, dans un communiqué, a fait état de 14 tués et 3 blessés dans ses rangs lorsque «les talibans ont violé le cessez-le-feu cette nuit, attaquant un avant-poste de la police de frontières». L'assaut a été repoussé, les insurgés souffrant de «lourdes pertes», a déclaré le ministère, quand les talibans affirment ne déplorer que deux morts. Selon le gouverneur du district de Dande Patan, où l'attaque s'est produite, un «grand» nombre de talibans ont mené un assaut contre un avant-poste tenu par la police des frontières et l'armée afghane. C'est la première fois que les talibans revendiquent une attaque, trois jours après l'expiration d'un cessez-le-feu qu'ils ont décrété samedi à l'occasion de la fin du Ramadhan et qui a été largement respecté de dimanche à mardi, quand il était censé prendre fin. Les journées de mercredi et de jeudi ont toutefois été plus calmes que d'habitude, malgré des frappes aériennes suivies d'un assaut au sol de l'armée afghane dans la province de Zaboul (sud), qui avait fait 18 morts parmi les «ennemis», selon le porte-parole de la police provinciale. Quatorze membres des forces de sécurité ont ensuite été tués jeudi dans deux attaques imputées aux talibans par les autorités, mais que ceux-ci n'avaient pas revendiquées. Les deux camps poursuivent en parallèle leurs discussions autour d'un échange de prisonniers, jusqu'à 5000 talibans contre 1000 membres des forces afghanes, inclus dans l'accord américano-taliban signé fin février à Doha, mais non ratifié par Kaboul, qui prévoit le retrait des troupes étrangères d'Afghanistan sous quatorze mois en échange de garanties sécuritaires des insurgés. Les autorités afghanes ont libéré lundi et mardi un millier de prisonniers talibans dans l'espoir d'aboutir à une reconduction du cessez-le-feu. Jeudi, 80 policiers et soldats afghans ont été relâchés dans le nord du pays par les insurgés, selon Suhail Shaheen, un autre de leurs porte-parole. Les deux camps ont confirmé des discussions jeudi à Kaboul sur ce sujet. Le retrait des soldats américain s'accélère L'attaque des talibans intervient alors que le retrait militaire américain d'Afghanistan se poursuit malgré le coronavirus. «Le retrait a été accéléré en raison des précautions prises pour la Covid-19», a déclaré un haut responsable du ministère de la Défense américain. Les Etats-Unis se sont engagés à ramener leurs effectifs de 12 000 à 8600 hommes à la mi-juillet, aux termes d'un accord signé le 29 février à Doha avec les talibans. En vertu de ce texte, l'ensemble des troupes étrangères doivent avoir quitté l'Afghanistan au printemps 2021, en échange d'engagements sécuritaires des insurgés. Mais les effectifs américains ne sont déjà plus que de 7500 soldats, a estimé le haut responsable américain. Donald Trump a déclaré mardi qu'«environ 7000 soldats» américains étaient déployés «en ce moment» en Afghanistan, pays où les Etats-Unis sont présents depuis plus de 18 ans, soit la guerre la plus longue de leur histoire. Mercredi, le président américain, qui ne cesse de répéter qu'il veut rapatrier au plus vite l'ensemble des troupes américaines d'Afghanistan, a estimé que les militaires américains ne devraient pas y agir comme une «force de police». «Après 19 ans, il est temps pour eux de faire la police dans leur propre pays», a-t-il écrit sur Twitter. «Ramenez nos soldats chez eux, mais surveillez bien ce qui se passe et frappez comme le tonnerre, comme jamais auparavant, si nécessaire !» a-t-il ajouté, s'adressant vraisemblablement au Pentagone. Le porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Thomas Campbell, a déclaré dans un communiqué que les Etats-Unis respectaient l'accord avec les talibans.Tout nouveau retrait surviendra «après que le gouvernement américain aura évalué l'environnement sécuritaire et le respect par les talibans de l'accord» de Doha, a-t-il ajouté.