Hussein Si Ahmed, un artiste céramiste discret et humble. Entre lui et la terre rouge, une passionnante histoire d'attraction et de raffinement. Le coup de sifflet est parti dès les premières années de sa tendre enfance dans les terrains vagues de Belkouitena la cite Malki. Le foot a été son terreau nourricier, ces feintes et ses dribbles d'anthologie soulevaient poussière et gadoue lui permettant de humer les senteurs minérales des terres ou akhal des plaines des Allobroges. Après un cursus scolaire moyen, le centre des métiers des enfants de Chahid de Sidi Fredj, dont la tutelle venait de passer du ministère de Anciens moudjahidine à celui de la Défense a été l'occasion pour les jeunes adolescents pétris de talents et animés d'une profonde passion pour l'art de se lancer dans l'apprentissage d'une activité artisanale. L'année 1983 était le début d'une carrière vouée aux métiers de l'art. Hussein a tout d'abord été orienté vers la peinture sur bois, une discipline qu' il affectionna avec doigté et dextérité, se distinguant par sa parfaite maîtrise de la gouache, le jeune Si Ahmed achalandait sur les présentoirs du centre un florilège d'œuvres de peinture sur bois, des pièces de qualité honorant la mémoire du regretté M'hammed Haminoumna, l'un de premiers formateurs des établissements de l'enseignements des métiers aux enfants de chahid aux ex-Allobroges et au niveau chemin de la Madeleine. Le pensionnaire du centre du Sidi Fredj a fréquenté les ateliers de décoration pendant deux ans ; il toucha du bois en troquant le hêtre contre la terre, la terre dont le rapport nostalgique et viscéral a nourri une passion innée et un don enfoui et ce fut le début de tout un parcours qui a pris naissance dans les work shop de son premier recruteur, à savoir la Société nationale de l'artisanat traditionnel. La valeur sûre du centre d'Hydra a excellé dans les différents styles de décoration de poterie et de céramique, une élaboration des motifs traditionnels et une recherche permanente d'autres styles créatifs ont consacré une voie artistique qui a gagné le cœur de plusieurs admirateurs. Après 13 ans d'expérience au sein de l'ex-Snat, le céramiste potier a réussi à voler de ses propres ailes en entamant une carrière en solo avec sa carte d'artisan et sa volonté de fer ; il a entamé une enrichissante collaboration avec des prestigieux céramistes algériens, à l'instar de Heddaoui, Dechicha et le jeune éclectique Belaid. Armé de son savoir-faire en matière de conception de modèles et de motifs floraux et géométriques et de son sens aigu de la qualité et de l'innovation, le céramiste Hussein a sillonné les différents salon de l'artisanat en décrochant prix et attestation de mérite. D'autres distinctions l'ont comblé d'honneur à Dubai, sans oublier le grand prix Lépine de l'innovation du céramiste Dechicha dont il fut le principal collaborateur. Enfin, le feu follet de la poterie rappelle le manque de matière première, l'argile souvent importée d'Espagne et le manque de mesures d'incitation et de promotion. Il n'a pas manqué de rendre hommage à ses voisins de l'ex-centre de formation, comme le regretté sculpteur sur bois Moali Ali et le brillant ébéniste Abdelaziz Guettouche. La rencontre avec Hussein s'est déroulée à la cité Malki pas loin de l'ancien atelier de céramique de l'une des grandes artistes céramistes en Méditerranée, la regrettée Louisa Bacha. «Cousin» comme l'appelaient avec affection les habitants de son quartier a toujours le vent en poupe, son inspiration émerge le temps d'un petit café chez Hennou ; sa forte intuition et son brillant talent nous annoncent une nouvelle œuvre dédiée à la miniature et à l'enluminure. Sahit «a» Cousin.