Avec son apprenti, l'inspecteur Taha est enquêteur à la toute nouvelle brigade de contrôle des prix et de la qualité alimentaire, chargé des investigations et des fraudes, autant dire un gros travail dans un pays qui mange beaucoup et à peu près n'importe comment. Ses vacances à lui et à son apprenti sont réglées, à travers toute l'Algérie, à suivre les crimes alimentaires. Ils viennent de partir à Bouira, 35 morts suite à une intoxication à la pizza. Ils ont démarré tôt. Au volant de sa Maruti orange toutes options, l'inspecteur Taha s'est arrêté à Beni Amrane pour prendre un café. Tu en veux un ? demande-t-il à son apprenti assis à côté, en train de mordre dans une barre chocolatée. Avec mon argent, ajoute-t-il pour le rassurer, le voyant hésiter. Merci inspecteur. Alors dans un grand verre, avec beaucoup de sucre, du lait et deux croquets. L'inspecteur Taha, grand et mince, a déplié son interminable corps pour sortir de la minuscule Maruti. Il est 10h du matin, 10 minutes après, l'inspecteur revenait, chargé comme un serveur. Ça tombe bien, l'apprenti, dos toujours voûté, vient de terminer sa barre de chocolat. Y a pas à dire, inspecteur, le chocolat turc, c'est du bon. Et pas cher. Le temps d'avaler ce petit-déjeuner et les deux enquêteurs ont repris la route. A la sortie de Beni Amrane, petit tronçon d'autoroute, la Maruti frise les 100 kilomètres à l'heure et tremble de tout son corps. L'inconvénient de cette autoroute Est-Ouest, c'est qu'il n'y a pas d'endroit où s'arrêter pour manger. Tu ne penses vraiment qu'à manger... C'est notre métier inspecteur, si on ne mange pas, comment va-t-on savoir ce qui tue ? L'inspecteur n'a rien trouvé à répondre à cette logique. Quelques dizaines de minutes plus tard, la plaine de Bouira, jaunie par la chaleur, apparaissait. On va arriver juste pour l'enterrement mais il faut d'abord passer à la morgue, prévient l'inspecteur. J'espère qu'il y aura un couscous pour l'enterrement... … A suivre