L a police de Minneapolis va être «démantelée», ont annoncé les conseillers municipaux de cette ville où la mort de l'Afro-Américain George Floyd a déclenché des manifestations dans le pays et dans le monde contre le racisme. «Nous nous sommes engagés à démanteler les services de police tels que nous les connaissons dans la ville de Minneapolis et à reconstruire avec notre population un nouveau modèle de sécurité publique qui assure vraiment la sûreté de notre population», a déclaré Lisa Bender, présidente du conseil municipal, sur CNN. Elle a précisé, en outre, avoir l'intention de transférer les fonds alloués au budget de la police de la ville vers des projets s'appuyant sur la population. Le conseil municipal compte également examiner la façon de remplacer la police actuelle, a-t-elle ajouté. «L'idée de ne pas avoir de police n'est certainement pas un projet à court terme», a-t-elle précisé. La conseillère municipale Alondra Cano a indiqué sur Twitter que la décision avait été prise «avec une majorité du conseil municipal de Minneapolis suffisante pour éviter un veto». Selon elle, le conseil a conclu que la police de la ville n'était «pas réformable et que nous allions mettre fin au système de maintien de l'ordre actuel». Un policier blanc de Minneapolis a été inculpé du meurtre de George Floyd, un homme noir de 46 ans, le 25 mai dernier. Une vidéo filmée par un passant le montre avec un genou appuyé pendant près de neuf minutes sur le cou de la victime, qui signale ne plus pouvoir respirer. Trois policiers qui l'accompagnaient ont également été inculpés. L'origine du racisme La décision des autorités de Minneapolis de démanteler sa police semble avoir fait boule de neige puisque d'autres villes américaines ont annoncé des initiatives pour mettre fin aux brutalités policières. Certaines mesures ont déjà été imposées à un échelon local depuis le début du mouvement de contestation. Le chef de la police de Seattle a ainsi interdit le recours au gaz lacrymogène pour 30 jours. Plusieurs élus démocrates ont pour leur part indiqué vouloir s'attaquer à ce qu'ils estiment être le fruit d'un racisme qui gangrène l'histoire des Etats-Unis depuis l'esclavage, en présentant hier devant le Congrès une loi pour réformer la police dans l'ensemble des Etats-Unis. La mort de Floyd n'est que la dernière d'une longue série ces dernières années de décès d'hommes noirs, pour la plupart non armés, lors d'interactions avec des policiers blancs. Les décès à l'été 2014 de Michael Brown à Ferguson et d'Eric Garner à New York ont servi de tremplin au mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte), dont le slogan a été depuis repris dans le monde entier. La star américaine Beyoncé s'est d'ailleurs fait l'écho dimanche des messages de BLM lors d'une cérémonie virtuelle, avec d'autres artistes sur YouTube, appelée «Dear Class of 2020», et s'adressant aux diplômés du monde entier. «Vous êtes arrivés ici au beau milieu d'une crise mondiale, d'une pandémie raciale et de l'expression mondiale de l'indignation face au meurtre insensé d'un autre être humain noir non armé. Et vous avez quand même réussi. Nous sommes si fiers de vous», a déclaré la chanteuse, dénonçant le sectarisme. Des millions d'Américains ont de nouveau manifesté au début de la semaine dans de nombreuses villes du pays pour exprimer leur rejet du racisme et demander l'instauration d'un système plus égalitaire. Des manifestations de protestation ont également eu lieu sous les fenêtres d'une Maison-Blanche entourée de barrières grillagées et transformée en camp retranché.