L'Etat du Minnesota, où est mort M. Floyd, le 25 mai, a annoncé l'une des premières initiatives concrètes en réponse aux demandes des manifestants, avec l'ouverture d'une enquête sur la police de Minneapolis. Ni le ton martial du président Donald Trump menaçant de recourir à l'armée pour mettre fin à la contestation ni le contexte de crise pandémique qui frappe de plein fouet les Etats-Unis ne semblent décourager les Américains de continuer à manifester en masse pour exiger justice après la mort de George Floyd, le désormais symbole mondial de discrimination raciale. Une semaine après l'homicide de Minneapolis, le mouvement de colère contre le racisme et les brutalités policières s'est poursuivi mardi soir dans plus de 150 villes des Etats-Unis, malgré le couvre-feu instauré dans une quarantaine de villes au moins. Même la présence massive des forces de police n'a pas dissuadé les Américains à sortir en masse à Huston notamment, ville natale de George Floyd, où plus de 60 000 personnes ont manifesté pacifiquement en hommage au surnommé "le doux géant". À New York, où plusieurs grands magasins de la 5e Avenue ont été pillés lundi soir, le couvre-feu nocturne a été avancé à 20h et prolongé jusqu'à dimanche prochain. Des centaines de manifestants, Noirs et Blancs, ont néanmoins protesté pacifiquement en scandant "George Floyd, George Floyd" ou "Black Lives Matterb !" ("la vie des Noirs compte"), cri de ralliement contre les violences policières visant les Afro-Américains. À Los Angeles, les manifestants se sont rassemblés en grand nombre, en soirée, avant que les services de la police ne viennent les disperser. Au moins 200 personnes ont été arrêtées, selon les médias américains. À Washington, plusieurs milliers de personnes ont manifesté jusque tard dans la soirée, bravant le couvre-feu décrété par la municipalité à partir de 19h. Les abords de la Maison- Blanche ont été bloqués par des barrières de métal, empêchant toute confrontation directe avec les forces de l'ordre. À une centaine de mètres, les manifestants ont scandé des slogans hostiles à la police et exigé que cessent les discriminations raciales dont sont coupables les services de sécurité depuis plusieurs années contre les Noirs américains notamment. La veille, plus de 300 personnes ont été arrêtées suite à des affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre. Ouverture d'une enquête sur fond de crise politique Mardi soir, l'Etat du Minnesota a annoncé l'une des premières initiatives concrètes en réponse aux demandes des manifestants, avec l'ouverture d'une enquête sur la police de Minneapolis. L'enquête examinera de possibles "pratiques discriminatoires systémiques" durant les dix dernières années, a tweeté le gouverneur Tim Walz invitant la population au calme et à la retenue. Au plan politique, ces manifestations de masse devront se répercuter au sommet de l'Etat avec des conséquences lourdes à moins de cinq mois de l'élection présidentielle, prévue en novembre. Ce n'est pas encore l'heure des bilans mais le président de la république, Donald Trump, déjà sous les feux de critiques acerbes pour à sa gestion de la crise sanitaire et ses déclarations polémiques, se voit confronté à une autre crise liée à sa gestion des manifestations. Son ton martial et ses sorties virulentes contre les manifestants pacifiques les traitant de fascistes ont choqué les Américains alors qu'une bonne partie de la classe politique s'interroge sur les visées du président appelant au soutien de l'armée pour venir à bout de la contestation. Accusé de se faire utiliser par Donald Trump à des fins politiques, le Pentagone cherchait mardi à se distancier du président américain après des propos polémiques du ministre de la Défense Mark Esper et le déploiement de renforts militaires autour de la Maison-Blanche. Le chef du Pentagone Mark Esper a semé l'inquiétude en déclarant lundi que les forces de l'ordre devaient "dominer le champ de bataille" pour rétablir l'ordre. Joe Biden, candidat démocrate à la présidentielle du 3 novembre, a accusé mardi en soirée Donald Trump d'avoir lui-même "transformé ce pays en un champ de bataille miné par de vieilles rancunes et de nouvelles peurs". Il a promis de "guérir les blessures raciales qui meurtrissent notre pays depuis si longtemps". K. Benamar/Agences