Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales rendu public hier, la Banque mondiale estime que le monde fait face à la pire crise jamais vécue depuis 150 ans. «La pandémie de Covid-19 a provoqué la plus grave récession mondiale depuis des décennies. Bien que le bilan final soit encore incertain, la pandémie entraînera des contractions dans la plupart des marchés émergents et des économies en développement. Elle aura également des effets durables sur la productivité du travail et la production», indique la BM en prévoyant une contraction du PIB mondial de 5,2% en cette année 2020, ce qui représente «la plus grave récession planétaire». Le revenu par habitant diminuera à son tour cette année dans la plupart des marchés émergents et il y a urgence à protéger les populations vulnérables. La BM considère que la priorité de l'heure pour les pouvoirs publics est «d'atténuer les coûts humains ainsi que les pertes économiques à court terme. Après la crise, il s'agira de réaffirmer de manière crédible la volonté de prendre des mesures durables et de procéder aux réformes nécessaires pour renforcer les perspectives à long terme. La coopération et la coordination internationales seront nécessaires». L'institution de Bretton Woods considère qu'il est essentiel de «relever les défis que posent le caractère informel de l'économie et le manque de filets de protection sociale, et d'engager des réformes qui permettent d'assurer une croissance vigoureuse et durable». «C'est une crise qui devrait laisser des cicatrices pendant longtemps et poser d'immenses défis à l'échelle mondiale», estime Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente de la Division croissance équitable et finances. La BM avertit qu'entre 70 et 100 millions de personnes sont susceptibles de basculer dans l'extrême pauvreté, alors qu'au début de l'année elle tablait sur une baisse du niveau de la proportion de la population mondiale vivant avec moins de 1,9 dollar. La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a changé toutes les données et toutes les projections. «De nombreux pays ont limité les dégâts grâce à un vaste programme de soutien budgétaire et monétaire. Malgré ces mesures, le revenu par habitant devrait diminuer dans toutes les régions émergentes ou en développement en 2020, ce qui replongera sans doute des millions de personnes dans la pauvreté». De plus, la reprise qui est prévue en 2021 est subordonnée à l'existence ou pas d'un vaccin contre la Covid-19. Dans le cas d'une deuxième vague de la pandémie et de nouvelles mesures de confinement, la BM dit s'attendre à une contraction du PIB mondial de 8%.